Madagascar: Filière vanille - Victime de l'ingérence des politiciens, selon Mamy Ravatomanga

La vanille de Madagascar traverse actuellement une crise qui pourrait lui être fatale. Des dispositions s'imposent pour sauver la filière.

Exportateur, mais aussi membre du conseil d'administration du Conseil National de la Vanille (CNV), l'homme d'affaires, Mamy Ravatomanga, avait bien évidemment ses mots (et ses maux) à dire concernant la filière vanille, lors de son émission télévisée de vendredi dernier.

Retour à la libéralisation

Concernant plus précisément la crise que traverse actuellement la vanille de Madagascar, le PDG du groupe SODIAT déclare que la filière vanille a été victime de l'ingérence des politiciens. Une manière de dire que des politiciens étaient derrière la revendication exprimée par des acteurs de la filière vanille pour le retour à la libéralisation. « J'ai toujours été contre une libéralisation sauvage de la filière vanille, mais c'est ce que voulaient certains opérateurs », a déclaré Mamy Ravatomanga. On rappelle qu'une réglementation a été initiée par les autorités, avec en tête, le ministère de l'Industrialisation, du Commerce et de la Consommation.

Celle-ci consistait notamment en une sélection plus rigoureuse des exportateurs agréés notamment dans le domaine fiscal et en matière d'obligation de rapatriement de devises. Mais également et surtout, et dans un objectif de mieux protéger les intérêts des paysans producteurs, la mise en place d'un prix minima de 75 000 ariary pour le kilo de la vanille verte et de 250 dollars le kilo de la vanille préparée. Une politique qui n'a pas eu le temps de prouver son efficacité mais qui a été finalement abandonnée, suite à la demande d'une partie des acteurs de la filière. Et sur décision des autorités compétentes qui ont donc finalement accepté le retour à la libéralisation.

Grogne

Quoiqu'il en soit, la filière vanille se retrouve actuellement dans une situation très difficile. Notamment pour les paysans producteurs qui arrivent à peine à écouler la vanille verte à 2 000 ariary le kilo. Dès lors, la grogne monte dans les zones de production de vanille. Notamment à Maroantsetra où les paysans ont commencé à ériger des barrages en guise de contestation.

Et pour demander aux hautes autorités compétentes de prendre les mesures qui s'imposent pour redonner à la vanille malgache le prix qu'elle mérite. Un défi qui reste très difficile à relever quand on sait que la filière se retrouve en ce moment dans une situation de surstock. Selon les prévisions, avec un report de stock estimé à 1 500 tonnes et une production d'au moins 2 500 tonnes, l'on se retrouvera avec au moins 4 000 tonnes d'offres de vanille de Madagascar pour une demande mondiale de 2 500 tonnes.

Nicotine

Mais une autre menace plane sur la vanille malgache avec la décision de l'Union européenne de revoir à la baisse les limites maximales tolérées de résidus de nicotine dans la vanille. Ce niveau qui était de 0,3 mg par kilo jusqu'ici, cela ne devrait plus dépasser les 0,02 mg à partir du 14 septembre prochain. Ce qui impactera bien évidemment sur la vanille de Madagascar dont presque 80% des gousses pourraient tout simplement ne plus accéder au marché européen car dépassant cette nouvelle limite maximale imposée par l'Union européenne.

A moins que cette dernière ne revienne, entre-temps, sur cette décision prise sans consultation préalable des autorités malgaches, mais qui pourrait porter un coup fatal aux conditions d'existence de milliers de paysans et d'acteurs économiques vivant de cette filière dont le poids sur l'économie malgache est loin d'être négligeable.

Face à cette menace, le gouvernement a mis en place une « force opérationnelle » composée du ministère de l'Industrialisation, du Commerce et de la Consommation, du ministère de l'Agriculture et de l'Elevage et enfin du ministère des Affaires étrangères. Cette « force opérationnelle » qui devrait comprendre les acteurs privés de la filière aura la lourde mission de convaincre l'Union européenne d'abandonner cette nouvelle limitation. Ou du moins de l'ajourner, le temps de voir ce qu'il en est vraiment de ces résidus de nicotine. Verdict, d'ici un mois.

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