Ile Maurice: Manque de soutien - C'est mort pour MOMIX 2023

Le couperet est tombé le jeudi 3 août. L'édition 2023 du Mauritius Music Expo (MOMIX) n'aura pas lieu. Son créateur, Stephan Rezannah, pointe du doigt le manque de soutiens du secteur public comme du privé.

On coupe le son. Le jeudi 3 août, Stephan Rezannah, fondateur du tout premier et seul marché des musiques mauricien, MOMIX, a annoncé, sur sa page Facebook, que cet événement gratuit et important pour l'industrie musicale ne se tiendra pas cette année.

MOMIX existe depuis 2017. La cinquième édition devait avoir lieu cette année. Le rôle d'un marché des musiques est de réunir divers acteurs de l'industrie musicale, dont des artistes, mais aussi et surtout des professionnels locaux et internationaux tels que les producteurs, distributeurs, tourneurs, organisateurs de festivals, entre autres.

C'est au cours d'un marché des musiques que se discutent l'exportation de notre musique, par exemple, mais également la tenue de conventions musicales avec d'autres pays. C'est dire qu'un marché des musiques est crucial pour le bon fonctionnement de l'industrie musicale. «Nous ne pouvons plus continuer à financer MOMIX. Pendant quatre éditions, j'ai financé cet événement à hauteur d'environ Rs 2 millions par an. Cette situation ne peut plus durer», explique Stephan Rezannah.

Pour MOMIX 2023, le producteur avait pourtant réussi à obtenir de l'aide pour la location de deux lieux devant abriter l'événement. Mais, précise-t-il, «il nous manquait les finances pour l'hébergement, les billets d'avion et le cachet des artistes. Nous avions prévu une douzaine d'artistes internationaux, plus des délégués de différents pays. Au total, nous aurions dû accueillir autour de 80 personnes.» Mais le 1er août, au moment du bilan financier, «nous avons constaté que nous étions dans le rouge. Nous avons décidé de tout arrêter», explique-t-il.

%

L'annulation de cette cinquième édition n'est pas sans conséquence. Il y a des frais à amortir. «Certains artistes invités avaient déjà pris leur billet d'avion, nous n'allons pas pouvoir les rembourser. Nous devons trouver un accord avec eux pour qu'ils viennent faire des prestations hors MOMIX. Ne pas tenir ce marché durant une année c'est accumuler du retard par rapport à l'industrie musicale. Et nous sommes déjà en retard dans ce secteur», affirme Stephan Rezannah.

Ses demandes de parrainage pour MOMIX, tant au niveau public que privé, sont restées lettres mortes. «Il y en a qui n'ont même pas répondu», souligne-t-il. Pourtant, Stephan Rezannah assure que l'industrie créative peut être un pilier de l'économie. «Après les quatre éditions, MOMIX a grossi de manière exponentielle», affirme-t-il. Dans le détail, au début, MOMIX faisait venir quatre groupes internationaux, à ce jour c'est une douzaine qui était attendue.

Auparavant, ce sont des professionnels de quatre pays, maintenant c'est entre sept et neuf pays qui sont invités avec plus d'une soixantaine de délégués. En 2017, il n'y avait qu'une seule convention, avec le Marché des Musiques de l'océan Indien (IOMMA), basé à La Réunion, aujourd'hui, il y a dix conventions avec sept pays.

«Nous travaillons avec La Réunion, la France, l'Inde, l'Afrique du Sud, le Mozambique, le Botswana, la Tanzanie, le Zimbabwe, le Maroc, et nous avons aussi commencé à travailler avec la Corée du Sud. Ces conventions concernent principalement l'exportation musicale. C'est-à-dire que ces pays aident à la mobilité des artistes. Ils invitent les artistes mauriciens à se produire chez eux et inversement MOMIX les invitent. Avec d'autres pays, tels que la Réunion et en France, nous avons aussi des collaborations en termes de production, formation et les échanges entre artistes et aussi entre professionnels.»

Grâce à MOMIX, le réseau en matière musicale s'est élargi, affirme son fondateur. Plusieurs artistes ont pu voyager et diffuser leur musique sur d'autres territoires. À titre d'exemple, par le biais de MOMIX 2022, l'année dernière, le chanteur Double T s'est rendu en Afrique du Sud et la chanteuse Emlyn a été en Inde, El Tabla a été invité au Canada pour l'année prochaine. De son côté, Eric Triton ira à la fin du mois en Afrique du Sud, entre autres. «Rien qu'avec MOMIX 2022 nous avons une dizaine de retours concernant la mobilité des artistes», fait ressortir Stephan Rezannah.

Afin de sauver MOMIX et par ricochet l'industrie musicale, voire culturelle, Stephan Rezannah souhaite réunir en table ronde, les entreprises privées de l'île pour leur faire comprendre l'importance de l'industrie créative dans notre paysage économique, de même que le besoin de leur implication. «Nous souhaitons trouver un accord avec les entreprises privées pour qu'elles contribuent à la promotion de la culture et de l'industrie créative. Je ne parle pas que du secteur musical, mais de l'art en général. Si ces compagnies acceptent de contribuer ne serait-ce qu'un pourcent de leurs revenus cela aiderait grandement le secteur créatif. Cet argent pourrait être mis dans un fond et être géré par une institution financière», explique Stephan Rezannah.

Faute d'engagement des secteurs public et privé, l'existence de MOMIX est menacée. «Notre motto c'est 'Love music mean business'. Si malgré tous nos efforts nous constatons que Maurice n'est pas encore prêt à financer un tel projet, dans ce cas nous reviendrons quand le pays sera enfin prêt», conclut Stephan Rezannah.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.