Tchad: Conséquence de la grève des magistrats, au palais de justice de Ndjamena, des justiciables désemparés

Au Tchad, la grève des magistrats, enclenchée depuis plus de deux mois contre le projet de Constitution qui ne garantit pas l'indépendance du pouvoir judiciaire, mais aussi pour réclamer une amélioration de leurs conditions de travail, n'est pas sans conséquences pour les justiciables. Difficile pour eux de se faire établir des actes et de savoir où en sont leurs dossiers.

Ce lundi matin, les couloirs du palais de justice sont bien silencieux. Seuls les greffiers, non concernés par la grève, sont dans les bureaux. Les salles d'audience sont fermées, à l'exception du tribunal de commerce dont les juges se sont désolidarisés du mouvement.

Les quelques justiciables rencontrés sont désemparés. « Nous sommes venus pour obtenir la décision du président, mais avec les grèves, on n'arrive même pas à retirer la décision pour pouvoir l'exécuter, et ça fait deux mois que ça dure, se plaint un homme. Et non seulement la justice est vraiment au point mort, mais ça pénalise beaucoup de monde, surtout les professionnels de la justice. »

« C'est vraiment une urgence pour moi, parce que ça me permettra de gagner », s'inquiète un autre homme, qui a besoin d'un acte précis qu'il est venu chercher, sans succès.

Un troisième regrette que le gouvernement n'apaise pas la situation : « Nous sommes venus pour les procédures administratives, concernant les pièces, et à notre niveau, on les comprend, du moment où le gouvernement ne fait pas assez d'efforts pour les mettre dans des situations paisibles. »

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Abdoulaye Bono Kono, le vice-président du Syndicat des magistrats du Tchad, regrette que la situation perdure. Aucune rencontre n'a eu lieu avec le ministre de la Justice. « En tant que magistrats, on est affectés, bien entendu, par le sort des justiciables. Ce que nous réclamons, je pense que c'est tout à fait légitime parce que c'est le gouvernement même qui a pris des engagements sur la base des résolutions des états généraux et du Dnis [Dialogue national inclusif et souverain, NDLR], et il n'y a pas de raisons qu'aujourd'hui, le gouvernement se dérobe et nous laisse dans cette situation-là. Nous sommes tous justiciables. »

Le ministre de la Justice, Mahamat Ahmad Alhabo, lui met en doute les motivations de la grève. Si elle revêt un caractère politique, la réponse sera politique, a-t-il déclaré la semaine dernière.

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