Mali: Les ex-rebelles entendent «déloger» l'armée malienne de Ber

Dimanche 13 août, les Fama et leurs supplétifs russes du groupe Wagner ont investi le camp militaire de Ber, localité de la région de Tombouctou. Le camp de Ber était jusqu'ici occupé par la Minusma. La mission onusienne l'a rétrocédé aux autorités maliennes dans le cadre de son départ du pays qui doit s'achever d'ici la fin de l'année. Une rétrocession contestée par les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), signataires de l'accord de paix de 2015, qui n'entendent pas en rester là.

« Maintenant qu'ils sont entrés, il faut les déloger », dit ce haut cadre de la CMA qui considère l'arrivée, à Ber, de l'armée malienne et de ses supplétifs russes du Groupe Wagner comme une « agression », en violation du cessez-le-feu de 2014 et des arrangements sécuritaires qui régissent l'accord de paix de 2015. Textes en vertu desquels cette partie du territoire est contrôlée par les ex-rebelles qui sont d'ailleurs toujours présents non pas, dans le camp, mais dans la ville de Ber.

« Ils doivent s'attendre à une riposte »

« S'ils acceptent de partir maintenant il n'y aura pas d'incidents, poursuit ce cadre de la CMA, dans le cas contraire ils doivent s'attendre à une riposte. »

Plusieurs responsables des ex-rebelles confirment qu'une réaction militaire est à l'étude.

« Nous observons les mouvements de l'armée malienne, à Ber mais aussi ailleurs dans le Nord, pour définir notre stratégie », précise l'un d'entre eux.

Les responsables de la CMA, joints par RFI, affirment que des affrontements ont déjà eu lieu, ces derniers jours, à Ber, entre l'armée malienne et la CMA. Des positions des ex-rebelles, dans la ville de Ber, ont même été frappées par l'aviation malienne durant le weekend, ce que confirment des sources sécuritaires indépendantes. La CMA ne déplore que des dégâts matériels.

« Nous ne voulons pas quitter l'accord de paix mais les actions du gouvernement le rendent caduque », estime un dirigeant des ex-rebelles qui souhaite que Bamako assume cette rupture « devant l'Histoire. »

Tous les représentants de la CMA ont quitté Bamako, en fin de semaine dernière, jugeant ne plus y être en sécurité.

Communication

La CMA pointe enfin la stratégie de communication de Bamako qui, dans le communiqué de l'armée diffusé dimanche soir au sujet des « incidents » qui ont émaillé son arrivée à Ber entre vendredi et dimanche, ne mentionne pas la CMA mais ne cite que des « groupes armés terroristes ». Samedi, le Jnim (Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans), lié à al-Qaïda, avait revendiqué une attaque contre « l'armée malienne et des mercenaires de Wagner ».

« Il y a les attaques du Jnim et il y a les affrontements avec la CMA. Ce sont deux choses différentes, estime une source au sein des ex-rebelles. Ils veulent assimiler la CMA aux jihadistes, mais cela ne fonctionnera pas. »

Sollicités par RFI, ni l'armée malienne, ni le ministère malien de la Réconciliation nationale n'ont donné suite. Pas plus, à ce stade, que la médiation internationale pour le suivi de l'accord de paix, conduite par l'Algérie.

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