Ouganda: Museveni dénonce les pressions de la Banque mondiale

Le président ougandais accuse la Banque mondiale de faire pression sur son pays pour qu'il renonce à la loi réprimant l'homosexualité.

Les Ougandais "se développeront avec ou sans prêts", a retorqué Yoweri Museveni sur Twitter, rebaptisé X, après l'annonce faite par la Banque mondiale de suspendre ses décaissements en faveur de l'Ouganda.

"Il est regrettable que la Banque mondiale et d'autres tentent de faire pression pour que nous abandonnions notre foi, notre culture, nos principes et notre souveraineté, en utilisant l'argent", a déclaré le président ougandais qui s'est engagé à trouver d'autres sources de crédit, ajoutant par ailleurs que la production de pétrole, qui devrait commencer d'ici 2025, apporterait des revenus supplémentaires au pays.

"Cette loi remet en question nos efforts"

L'institution de Bretton Woods a annoncé mardi dernier (8 août) qu'"aucun nouveau financement public pour l'Ouganda" ne serait soumis à son conseil d'administration, la loi antihomosexualité, entrée en vigueur dans le pays en 2023, allant à l'encontre de ses valeurs.

"Nous pensons que notre objectif d'éradication de la pauvreté dans une planète vivable n'est atteignable que s'il inclut tout le monde, quelle que soit l'ethnie, le genre ou l'orientation sexuelle. Cette loi remet en question ces efforts", a justifié la Banque mondiale.

La loi promulguée le 29 mai dernier est considérée comme l'une des plus répressives au monde. Elle a choqué les groupes de défense des droits humains et des pays occidentaux.

Elle a suscité "l'inquiétude" du secrétaire général de l'Onu" et a été qualifiée d'"atteinte grave" aux droits humains par le président américain Joe Biden.

De loudes peines pour les LGBTQ+

Le texte prévoit de lourdes peines pour les personnes ayant des relations homosexuelles et faisant la promotion de l'homosexualité. Un crime d'"homosexualité aggravée" est passible de la peine de mort, sentence qui n'est toutefois plus appliquée depuis des années en Ouganda.

Des militants des droits humains se sont également inquiétés de l'influence de la nouvelle loi sur l'accès aux soins des personnes de la communauté LGBTQ+, qui pourraient redouter d'être stigmatisées, voire dénoncées par le personnel médical.

Mardi, après l'annonce de la Banque mondiale, le ministère ougandais de la Santé, qui bénéficie des fonds de l'institution, a publié une circulaire affirmant que nul ne devait être "discriminé ou stigmatisé pour des raisons de genre, religion, ethnie, statut social ou économique ou encore orientation sexuelle".

Des propos qui montrent l'existence de divergences au sein du gouvernement ougandais.

Preuve que les ponts ne sont pas coupés, Yoweri Museveni a également estimé que l'Ouganda allait continuer à discuter avec la Banque mondiale.

En 2014, des bailleurs internationaux du pays avaient réduit leur aide après le vote d'une précédente loi réprimant l'homosexualité.

La loi avait finalement été annulée par la Cour constitutionnelle pour un vice technique lors du vote.

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