La présidence malgache a annoncé, ce lundi 14 août dans l'après-midi, mettre fin aux fonctions de sa directrice de cabinet, Romy Andrianarisoa, arrêtée à Londres jeudi pour suspicion de corruption. En poste depuis six mois, la désormais ex-cheffe de cabinet n'était pas en mission pour l'État malgache, a fait savoir la présidence, qui se désolidarise de son ancienne collaboratrice.
« Les autorités malagasy ignorent les raisons de son déplacement au Royaume-Uni », indique le communiqué de la présidence malgache, qui précise que l'ancienne directrice de cabinet était en congés depuis le mercredi 9 août, soit un jour avant son arrestation. Le président de la République « reste fermement attaché à la notion d'éthique dans la conduite des affaires de l'État et à lutter contre la corruption sous toutes ses formes », poursuit la présidence avant d'annoncer que Romy Andrianarisoa « est relevée de ses fonctions avec effet immédiat ».
« Les autorités suivront avec la plus grande attention les avancées de cette enquête (...). Nous sommes convaincus qu'une franche collaboration permettra de mettre la lumière sur cette affaire et faire prévaloir la vérité », conclut la présidence malgache.
Un scandale de corruption qui fait beaucoup réagir dans la Grande Île et qui met le chef de l'État dans une position délicate, à moins de trois mois de l'élection présidentielle. Andry Rajoelina n'a pas encore annoncé sa candidature.
Face à la clarification de la présidence, certains, à l'image de Fanirisoa Ernaivo, l'opposante en exil et ancienne présidente du Syndicat des magistrats de Madagascar, disent attendre l'ouverture d'une enquête dans le pays pour « abus de fonction », puisque Romy Andrianarisoa ne pouvait pas négocier des licences d'exploitation minière en son nom personnel.
La branche de Transparency International à Madagascar, qui lutte contre la corruption, notamment dans le secteur des mines, a elle aussi publié un communiqué pour réagir à cette arrestation. « Cette affaire permettra de voir comment la justice se prononce sur la scène internationale sur un cas présumé de corruption impliquant de hautes personnalités de l'État », signale la directrice exécutive de l'ONG à Madagascar, Ketakandriana Rafitoson, jointe au téléphone.
« Sur les cinq dernières années, il y a eu pléthore de ces cas-là. Soit ça a été mal traité, soit ce sont les boucs émissaires qui ont été sanctionnés mais pas vraiment les mandataires, soit on oublie les affaires. On va voir aussi ce que ça va induire comme réaction au niveau de l'administration malgache, parce que cette dame, tout de même, a tenu des discours anti-corruption. C'est elle qui nous avait approchés au nom du Groupement des entreprises de Madagascar pour initier la charte d'intégrité des entreprises pour les élections », poursuit la directrice exécutive de Transparency International à Madagascar.
L'ancienne directrice de cabinet et le Français Philippe Tabuteau, à la tête d'une société de conseil aux entreprises et en affaires publiques, ont été placés en détention provisoire jusqu'à leur audition le 8 septembre, précise l'Agence nationale contre le crime au Royaume-Uni dans un communiqué publié lundi.