Les deux associés auraient réclamé une somme de 225 000 livres sterling, soit l'équivalent de 260 000 euros et une participation de 5% dans le capital de Gemfields.
Le scandale de l'année. L'information avait fait l'effet d'une bombe depuis la nuit de dimanche et pendant la journée de lundi. Romy Voos Andrianarisoa, directrice de Cabinet de la Présidence de la République a été arrêtée puis placée en détention provisoire au Royaume-Uni. Son arrestation aurait eu lieu dans un lieu public, au Victoria Area, dans la ville de Westminster à Londres, le jeudi 10 août dernier alors qu'elle assistait à une réunion d'affaires. Présentée devant la Justice britannique le samedi 12 août, Romy Voos a été placée sous mandat de dépôt, avec son associé Philippe Tabuteau. Un ressortissant français PDG de la société « Groupe Impact Capital », basée à Genève en Suisse et spécialisée dans le domaine du conseil aux entreprises et aux gouvernements. Tous les deux sont accusés de tentative de corruption pour avoir essayer de soutirer un pot-de-vin auprès de la société minière britannique Gemfields, en échange de l'attribution d'une licence d'exploitation à Madagascar. C'est le quotidien économique et financier britannique Financial Times qui a révélé l'affaire.
225 000 livres sterling
L'information a ensuite été confirmée par l'agence britannique chargée de la lutte contre le crime organisé National Crime Agency (NCA), dans un communiqué en date du 14 août. Les deux associés auraient réclamé une somme de 225 000 livres sterling, soit l'équivalent de 260 000 euros et une participation de 5% dans le capital de Gemfields. Ce sont les responsables de cette société qui ont porté plainte contre eux. Ces derniers auraient convoqué volontairement une réunion dans le Victoria Area pour leur tendre un piège. Si l'on s'en tient au communiqué de l'agence nationale anti-criminalité NCA, le procès aura lieu le 8 septembre prochain devant la « Southwark Crown Court ». D'ici là, Romy Voos Andrianarisoa et Philippe Tabuteau vont devoir attendre derrière les barreaux. On peut toutefois affirmer que les deux suspects risquent gros si les faits qui leur sont reprochés sont avérés. Selon les informations, ils encourent une amende et/ou un emprisonnement qui pourrait aller jusqu'à 10 ans.
Droits de congé
Suite à cette affaire, la Présidence de la République a sorti un communiqué le lundi 14 août pour éclairer l'opinion mais aussi et surtout, afin de décliner toutes les suspicions et/ou accusations visant à impliquer Ambohitsorohitra dans le dossier. Romiary Andrianarisoa est donc limogée de ses fonctions « Avec effet immédiat ». Apparemment, la Présidence a décidé de lâcher son désormais ex-Dircab. Elle aurait agi seule. La Présidence n'était au courant de rien en ce qui concerne ses agissements pendant la période de son congé. Selon le communiqué, Romy Voos aurait pris officiellement ses droits de congé depuis le mercredi 9 août 2023 jusqu'au 22 août 2023. Une source bien informée nous a confié qu'elle a quitté la Grande île dans la nuit du 9 août, c'est-à-dire la veille de son interpellation à Londres. « Les autorités malagasy ignorent les raisons de son déplacement au Royaume-Uni », affirme le communiqué de la Présidence de la République tout en rappelant que « toute personne au service de l'Institution s'engage à respecter en premier lieu les valeurs de la République. En effet, à travers les réformes menées dans le cadre du renforcement de la Bonne gouvernance à Madagascar, Son Excellence Monsieur le Président de la République reste fermement attaché à la notion d'éthique dans la conduite des affaires de l'État et à lutter contre la corruption sous toutes ses formes ». Les autorités malgaches affirment toutefois qu'elles suivent de près l'évolution de cette affaire.
Impunité
Comme il fallait s'y attendre, Transparency International par l'intermédiaire de sa directrice exécutive, Ketakandriana Rafitoson, qui est une amie proche de Romy Andrianarisoa, a aussi réagi à cette affaire. TI-MG, tout en demandant des sanctions administratives, interpelle les autorités et l'opinion publique concernant l'impunité dont ont bénéficié des agents de l'Etat et des élus de la République, cités dans les grands scandales de corruption de ces dernières années. « Ceci montre le faible engagement de l'Etat et de la Justice contre la corruption », souligne Transparency International. Pour l'heure et ce jusqu'à une condamnation officielle de la part de la Justice britannique, Romy Voos Andrianarisoa bénéficie encore de la présomption d'innocence.