Afrique: Ces fronts qui nous tiennent

Nous sortions péniblement de la crise économique et financière de 2014 que survint à la fin de l'année 2019 la pandémie de coronavirus (Covid-19), puis ensuite le conflit en Ukraine. Comme si cela ne suffisait pas, nos yeux se tournent à présent vers la région sahélienne avec les soubresauts que connaît le Niger. Evincé par les militaires de son pré-carré le 26 juillet, le président Mohamed Bazoum n'a toujours pas recouvré sa liberté tandis que les réactions se multiplient dans le pays-même et à l'extérieur sur ce qui adviendra de ce bouleversement.

De la première crise rappelée plus haut, les économies se sont peu à peu relevées. Elle est peut-être désormais loin derrière en dépit du caractère toujours fragile des socles sur lesquels repose en partie la croissance économique mondiale. Malgré son ampleur, la crise sanitaire de Covid-19 est aussi passée mais son souvenir reste vivace dans les mémoires tant elle a appris aux nations d'anticiper ce genre de calamité dans une dynamique collective où le partage des expériences et des responsabilités reste la planche de salut.

Quant au conflit russo-ukrainien en cours depuis le 24 février de l'année dernière, l'une de ses conséquences est la réapparition d'un monde où des blocs aussi puissants que déterminés cherchent à se détruire réciproquement. Dans la mesure où sur le terrain les acteurs semblent éprouver de la lassitude et où quelques frémissements diplomatiques sont perceptibles, le souhait est que dans les délais raisonnables Moscou et Kiev qui ne cesseront jamais d'être des voisines et de la même famille trouvent un accord de cessation des hostilités et la voie de l'apaisement. Nous le disons sans oublier que pour l'heure, dans les deux camps, les positions restent tranchées.

Le monde étant devenu ce village universel où tout se sait et se voit, le putsch des militaires nigériens mobilise toutes les attentions. Aux quatre coins de la planète, les réactions sont nombreuses pour désapprouver d'une part le recours au coup d'Etat contre un président élu et dont le mandat ne faisait que commencer ; d'autre part contre une intervention militaire destinée à contraindre les militaires à retourner dans leurs casernes et rétablir le chef de l'Etat dans ses fonctions.

Au cours de la réunion extraordinaire qu'elle a tenue à Abuja, au Nigeria, le 10 août, la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) a réitéré sa détermination à venir à bout des hommes du général Abdourahmane Tiani, chef de l'Etat nigérien de fait depuis le 26 juillet. On entre maintenant dans la phase active de la préparation au combat des deux côtés. L'invasion du Niger, et de sa capitale Niamey par les éléments de la force en attente de la communauté ouest-africaine n'est peut-être plus qu'une question de temps.

Du côté du CNSP, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, qui a pris le pouvoir il y a quelques jours, une course en avant est engagée à travers une série de nomination de nouvelles figures à la tête des régions du pays. Un Premier ministre et un nouveau gouvernement sont désormais en place et le discours des militaires n'a jamais été aussi ferme. Pourront-ils compter sur les nombreuses organisations de la société civile qui sont vent debout contre l'éventualité d'une action militaire de la CEDEAO au Niger ?

Il va rester l'effet de surprise et les conséquences de l'entrée en action des belligérants. L'heure des incertitudes a-t-elle sonné ? Les jours prochains nous le diront.

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