Au Mali, trois jours après l'arrivée de l'armée malienne et de ses supplétifs russes du groupe Wagner dans le camp de Ber, près de Tombouctou, les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), signataires de l'accord de paix de 2015, ne cachent pas leur colère. Ils estiment que la Minusma ne doit pas permettre à l'armée malienne d'investir les camps situés dans les zones qu'elle contrôle.
Au moment de la signature du cessez-le-feu de 2014 et de l'accord de paix de 2015, Ber se trouvait dans une zone contrôlée par les groupes armés signataires. C'est aussi le cas d'Aguelhoc, Kidal ou de Tessalit par exemple, où les Casques bleus occupent des bases qu'ils devront quitter d'ici la fin de l'année.
Après l'arrivée de l'armée malienne et du groupe Wagner à Ber, dimanche 13 août, deux heures après le départ des soldats de la Minusma, les ex-rebelles de la CMA n'ont pas caché leur mécontentement : plusieurs hauts responsables estiment qu'il s'agit d'une « violation » de l'accord de paix, dont ils tiennent la Minusma pour « responsable ».
Mais selon un cadre onusien, la totalité des camps militaires occupés par la Minusma doit bien être rétrocédée aux autorités maliennes, car c'est le gouvernement malien qui a permis le déploiement de la mission dans le pays en 2013, avant même la signature du cessez-le-feu et de l'accord de paix. La Minusma remet donc officiellement ses camps aux autorités politiques maliennes de transition - à un préfet ou à un gouverneur - qui choisissent elles-mêmes d'y envoyer ou non l'armée malienne et ses supplétifs russes.
Des explications qui ne satisfont pas les groupes armés du Nord. Plusieurs responsables de la CMA ont déjà exprimé leur volonté de « déloger » les soldats maliens du camp de Ber, et de ne pas accepter de nouveaux déploiements des Forces armées maliennes (Fama) dans les zones sous leur contrôle, si ces déploiements ne sont pas réalisés dans le cadre de l'accord de paix.
Les Nations unies continuent, quant à elles, d'appeler toutes les parties à la retenue et au respect de l'accord. L'armée malienne, le ministère malien de la Réconciliation nationale, et la médiation internationale pour le suivi de l'accord de paix, conduite par l'Algérie, n'ont pas répondu aux sollicitations de RFI.