Le Comité Exécutif National (CEN) du Syndicat Autonome des Médecins, Pharmaciens et Chirurgiens-Dentistes du Sénégal (SAMES) s'est réuni pendant 3 jours à Saint-Louis, pour échanger sur une quête de solution à la judiciarisation de la pratique médicale.
Ses membres s'indignent des arrestations tous azimuts et systématiques des personnels de santé pour de simples faits supposés et en l'absence d'enquêtes préalables. Le SAMES appelle à une gestion efficiente et transparente des ressources humaines, financières et matérielles allouées au secteur de la santé et condamne les supposés détournements des fonds destinés à la Covid-19 et invite les autorités à un traitement diligent de ce dossier.
«Cet évènement majeur dans la vie du syndicat a pour objectifs, au-delà de solliciter l'onction de cet organe délibérant de notre structure pour le lancement des grands chantiers du moment dont la construction du siège du SAMES et la validation de la plateforme revendicative, d'inviter aussi les collègues à une réflexion et une recherche de solutions à la judiciarisation de la pratique médicale qui est plus que d'actualité», a fait savoir le Dr Diabel Dramé, Secrétaire général national adjoint du SAMES, chargé des Affaires médicales. Il s'est exprimé au terme d'une rencontre de trois jours du Comité Exécutif National (CEN) du SAMES.
Le CEN s'est incliné devant la mémoire de leurs illustres disparus, qui ont tant contribué à la construction de notre système de santé. Cependant, ils ont regretté l'incident malheureux survenu à l'hôpital Abass Ndao, ayant conduit à la mort d'un nouveau-né. Le SAMES compatit à la douleur de la famille et exhorte les acteurs à plus de vigilance, conformément aux exigences déontologiques de la profession.
«Les besoins sanitaires de la région de Saint-Louis ont été également passés en revue et d'importants gaps, en termes d'infrastructures et de ressources humaines notamment de médecins spécialistes, ont été constatés à l'EPS 1 de Richard Toll, l'EPS 2 de Ndioum et en appellent à des solutions immédiates. La présence de l'UFR Santé de l'université Gaston Berger doit contribuer à améliorer de manière notable la disponibilité des spécialistes et universitaires, en appuyant la recherche locale et en participant au fonctionnement du futur EPS 4 de Saint Louis», a-t-il rappelé.
NECESSITE DE REVISION DES TEXTES RELATIFS A LA PRATIQUE MEDICALE
Concernant également les thématiques abordées durant ce conclave, le CEN est revenu sur la judiciarisation de la pratique médicale et le syndicalisme comme outil de défense des intérêts des camarades travailleurs. «Ces problématiques trouvent toute leur pertinence au vu de l'actualité marquée par des arrestations tous azimuts et systématiques des personnels de santé pour de simples faits supposés et en l'absence de toute enquête préalable. Le syndicat s'offusque, avec la dernière énergie, de ces pratiques imprudentes qui portent atteinte au bon fonctionnement des structures sanitaires, avec des conséquences parfois dramatiques. En aucun cas cette position du SAMES ne remet en cause ni le principe de l'égalité des citoyens devant la loi, ni le fait que ses membres soient des justiciables, mais s'inscrit dans une dynamique de garantir un environnement favorable à l'exercice de la profession médicale, en mettant en place un régime juridique particulier, à l'image des autres professions qui bénéficient d'un privilège de juridiction», a déclaré le Dr Diabel Dramé.
Ainsi, le SAMES invite à une révision des procédures impliquant un médecin, pharmacien et chirurgien-dentiste dans l'exercice de ses fonctions, avec une saisie obligatoire des instances de nos ordres respectifs ainsi que le ministère de tutelle, afin d'éviter toute interruption dans les prestations de soins, pour l'intérêt de nos concitoyens. «Nous nous félicitons de la collaboration et l'accompagnement des autorités judiciaires et ordinales qui ont participé activement aux réflexions, à l'issue desquelles, il est apparu la nécessité de révision des textes relatifs à la pratique médicale. Auparavant, dans une approche d'inclusion de la base, le Bureau Exécutif National (BEN) avait initié une tournée nationale dans les différentes régions du Sénégal. Ces moments ont permis de faire un diagnostic approfondi des difficultés et préoccupations de nos camarades», a-t-il ajouté.
Sa plateforme revendicative adoptée, le SAMES appelle ses membres à se tenir prêt
Ces points, a-t-il expliqué, sont inscrits en grande priorité dans notre plateforme revendicative et s'articulent autour de la nécessité absolue d'améliorer les conditions de travail du personnel. «Le SAMES appelle à une gestion efficiente et transparente des ressources humaines, financières et matérielles, largement insuffisantes, allouées au secteur de la santé. Sur cela, nous condamnons les supposés détournements des fonds destinés à la Covid-19 et exigeons des autorités un traitement diligent et impartial, sans délai, afin de traduire devant la justice les auteurs de ces actes répréhensibles, surtout en période de résilience épidémique», a-t-il martelé.
S'agissant de leur plateforme revendicative, a-t-il indiqué, les membres du CEN l'ont étudiée et adoptée. Elle sera, selon lui, l'objet des prochaines négociations avec le gouvernement. «Le SAMES appelle les camarades à se tenir prêts à engager tous les moyens pour la satisfaction intégrale de ces revendications légitimes. Par ailleurs, le SAMES tient à alerter l'opinion nationale et internationale sur l'impérieuse nécessité de la reconstruction de la majorité des hôpitaux régionaux qui sont devenus vétustes et ne répondent plus à une garantie des qualités de soins», a mis en garde le syndicaliste.
Concernant leur statut, ces responsables du SAMES disent avoir constaté que la carrière des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes ne favorise pas une motivation des agents, au vu des grandes disparités salariales par rapport aux cadres des autres secteurs, malgré la disponibilité des résultats de l'étude sur le système de rémunération des agents de l'Etat. «Le SAMES constate la dégradation des conditions des internes et des médecins en spécialisation, notamment des logements de fonction quasi-inexistants, en violation de leur droit, conformément à leur statut d'internes des hôpitaux, mais également un octroi modeste des bourses de spécialisation, contrastant avec un besoin exponentiel de médecins spécialistes. Par conséquent, l'État du Sénégal doit résoudre ce problème de formation et se prononcer de manière définitive sur leurs statuts», a déclaré le Dr Diabel Dramé. Le SAMES de dénoncer, avec la dernière énergie, la gestion calamiteuse du personnel de santé, avec des nominations qui ne respectent aucune norme de compétition.