Hors-jeu à la course pour la présidentielle de février 2024 depuis sa sortie du 03 juillet 2023, le président Macky Sall se retrouve entre le marteau et l'enclume pour dénicher au sein de la majorité présidentielle le candidat de l'unité qui saura défendre avec succès les couleurs de son camp, sans risque d'implosion. Une tâche qui ne semble pas aisée, tant les oppositions entre prétendants à sa succession sont sourdes, poussant même l'actuel chef de la majorité à postuler diverses stratégies, en dehors de primaires, pour bonifier le choix qu'il aura à faire après la carte blanche que lui ont délivrée son parti (Apr) et sa coalition (Benno Bokk Yaakaar).
La présidentielle de février 2024 qui se profile au Sénégal ne cesse encore de susciter des interrogations, tant elle étonne de par ses spécificités et autres anormalités dans l'histoire politique du pays. Pour la première fois en effet, un scrutin présidentiel est parti pour se dérouler sans le président sortant, en l'occurrence Macky Sall, mais également sans certitudes sur les noms des candidats de l'opposition devant briguer le fauteuil présidentiel. Et cela pour diverses raisons liées à Dame justice, au Code électoral et autre parrainage citoyen. Toutes ces «incongruités» de la présidentielle de février 2024 semblent cependant subjuguées par un fait totalement inédit dans notre histoire politique: la majorité présidentielle qui règne sur le Sénégal depuis 2012 n'a pas encore de candidat déclaré à moins de six mois du scrutin en question.
Et pour cause, plus de 45 jours après le désistement du président Macky Sall à toute troisième candidature à la tête de l'Etat sénégalais, personne ne sait encore quel responsable politique va porter les couleurs de Benno Bokk Yaakaar. Depuis le 03 juillet dernier, date à laquelle Macky Sall avait déclaré avoir décidé de renoncer à la présidentielle de 2024, la majorité semble plongée dans une sorte de course contre la montre pour dénicher l'oiseau rare. Et dans ce combat souterrain, différentes écuries secouent dangereusement l'Alliance pour la République (parti présidentiel) et même la survie de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby). Plus de onze prétendants seraient ainsi en train de s'activer pour partir à l'assaut de la magistrature suprême.
Des candidats à la candidature revendiquant chacun une certaine légitimité pour prétendre à la succession de Macky Sall à la tête du Sénégal et/ou de la coalition présidentielle. Des noms comme ceux d'Amadou Bâ, actuel chef du gouvernement, d'Abdoulaye Daouda Diallo, actuel patron du Conseil économique, social et environnemental (Cese), d'Aly Ngouille Ndiaye, ministre de l'Agriculture, de l'équipement rural et de la souveraineté alimentaire, de Mahammed Boune Dionne, ancien Premier ministre, d'Amadou Mamme Diop, actuel président de l'Assemblée nationale, pour ne citer que ceux-là, sont annoncés comme partants à la succession du chef de l'Etat.
Macky à la quête du candidat idéal
Dans cette recherche effrénée du candidat devant porter le flambeau de la majorité présidentielle, le président Macky Sall semble entre le marteau et l'enclume. Soucieux en effet de sauver sa coalition, le patron de la majorité présidentielle est à la quête du candidat de l'unité et la tâche ne semble pas aisée. Pour cause, alors que son parti (Apr) comme sa coalition (Bby) lui ont donné carte blanche pour le choix du candidat en question, cela n'a vraisemblablement pas suffi au Président Macky Sall pour désigner l'oiseau rare. Tant la bataille en coulisses est âpre entre des candidats décidés, chacun, à faire prévaloir son leadership et à porter la candidature de la majorité au fauteuil présidentiel laissé vacant par le titulaire au poste depuis 2012.
Pour prévenir toute décision de sa part qui pourrait susciter le clash prévisible au sein de son parti et de la coalition présidentielle, le chef de l'Etat Macky Sall a ainsi ajouté au processus de désignation, les auditions de son conseiller spécial Moustapha Niasse, ancien président de l'Assemblée nationale et leader de l'Afp, l'audience accordée aux différents candidats, avant de soumettre à leur signature une charte. Une charte intitulée «Pacte d'honneur devant Dieu», forte de dix points dont ceux-ci : « Le candidat choisi doit poursuivre le travail de la coalition » ; « Le candidat doit bénéficier du soutien des autres candidats» ; « Rester fidèle aux idéaux du BBY : gagner ensemble, gouverner ensemble ». Selon certaines informations toutefois, plusieurs prétendants n'ont pas adhéré à la charte.
Ce désaccord au sein de la coalition présidentielle en dit long sur les risques d'une implosion après la révélation du candidat dit de l'unité, si jamais Macky sall et son camp ne trouvent pas les ressources nécessaires pour taire les frustrations des uns et des autres. La dernière sortie dans la presse du ministre Aly Ngouille Ndiaye en dit déjà long. Invité du Jdd chez nos confrères d'Itv hier, dimanche 13 août, l'actuel ministre de l'Agriculture a clairement indiqué qu'il n'est pas «prêt» à remettre au lendemain sa décision de briguer le suffrage des Sénégalais le 25 février prochain.
Poursuivant son propos, il avait justifié sa position légitime de faire valoir sa candidature après avoir renoncé à se présenter en 2012 puis en 2019 au profit du Président Macky Sall. Question à mille francs : Macky Sall, actuellement hors-jeu de la course présidentielle, saura-t-il faire preuve d'assez de justesse politique pour trouver le candidat de l'unité sans implosion de son camp ? Lui qui aurait même pensé, selon certaines indiscrétions, à organiser des primaires pour départager les candidats au sein de la majorité.