Madagascar: Décès d'André Ramaroson - L'industrie perd l'emblème de sa résilience

Le fondateur du groupe Savonnerie tropicale est mort à 87 ans. Il laisse un riche héritage pour l'industrie locale.

La nouvelle est tombée lundi matin et a fait très vite le tour des réseaux sociaux. André Ramaroson, fondateur et président directeur général du groupe Savonnerie tropicale est décédé à 87 ans. Il laisse derrière lui un vide immense pour l'industrie locale et pour le monde économique en général. André Ramaroson avait consacré une grande partie de sa vie à l'industrie. Un pionnier devenu au fil du temps un patriarche et l'emblème de la résilience de l'industrie locale face à l'envahissement des produits importés, favorisé par l'inévitable mondialisation.

D'ailleurs, depuis presque deux décennies jusqu'à son dernier souffle, André Ramaroson était au front pour réclamer une plus grande implication de l'État dans la protection et pour l'émergence d'une véritable industrie nationale. Et même s'il ne faisait pas partie des signataires du pacte d'industrialisation entre l'État et les groupements patronaux, il a sans doute apporté beaucoup de pierres à la construction de cet édifice.

Pour cette forte personnalité, aussi marquante que captivante, se lancer dans l'industrie était une vocation, dans une période postcoloniale remplie de requins industriels français et de multinationales à l'image de la compagnie Marseillaise et Lyonnaise. « Papa avait l'habitude de se poser la question : pourquoi les Malgaches ne pourraient-ils pas contribuer à l'économie avec des produits locaux, il en avait fait son leitmotiv. Madagascar devrait pouvoir fabriquer lui-même des articles de consommation », témoigne son fils, Thierry Ramaroson, celui qui a repris les rênes de l'entreprise familiale.

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Produits locaux

André Ramaroson avait fondé son entreprise spécialisée dans la fabrication de savon en 1969. Il était en tête de liste des Malgaches qui ont défriché le terrain et premier à poser les jalons pour l'émergence d'un véritable tissu industriel national avec les Samuel Raveloson, fondateur de la biscuiterie Socobis et Charles Andriantsitohaina ainsi que Seta Ranohisoa.

À l'époque, un élan de solidarité avait gagné les circuits commerciaux de la Grande île, les grossistes avaient préféré ces novateurs aux produits importés, ils ont à cet effet apporté leur support aux produits de la Savonnerie Tropicale au détriment des autres produits d'importations similaires. Fervent défenseur du Label « Vita Malagasy », André Ramaroson avait fait de la production des industries locales son cheval de bataille. Il croyait en la capacité des industries malgaches à se donner à fond d'où l'étiquette de « L'industriel patriote, fier d'être Malagasy à 100% ».

Un combat qu'il avait mené avec maestria, malgré les différents régimes successifs qui avaient mis à mal la contribution des industries malgaches dans l'économie. Il n'avait pourtant pas démérité, gardant son flegme et sa dignité habituelle, malgré les « maltraitances et les malveillances » qu'il avait subies au cours de sa carrière d'industriel, des épreuves qu'il tenait toujours à rappeler chaque fois qu'il en avait eu l'occasion. Pour les industriels actuels, le message n'est pas resté lettre morte. L'annonce du décès de l'ancien membre fondateur et président du FIVPAMA, (Fivondronan'ny Mpandraharaha Malagasy) avait suscité l'émoi et les hommages de la part des générations d'industriels actuelles.

Témoignages

Thierry Ramaroson, Fils d'André Ramaroson

« André Ramaroson avait toujours bataillé pour la place des produits malgaches sur le marché national. C'était un patriote et il avait priorisé le fait de donner des emplois aux Malgaches, il avait alors répété maintes fois qu'il ne voulait pas être un îlot de prospérité dans un océan de pauvreté. Mon père en avait fait son leitmotiv ».

Danick Ramaroson, Fille d'André Ramaroson

« Il avait montré l'exemple concret que l'Industrialisation était à portée de main pour les Malgaches. Dans un pays où les richesses sont abondantes et où il reste encore beaucoup de potentialités inexplorées. Actuellement, le monde de l'Industrialisation reste très compétitif, comme à l'époque où il nous avait passé le flambeau. Toutefois il avait l'habitude de nous dire que c'était à nous - et aux actuels industriels d'ailleurs - de bâtir les circonstances ».

Tiana Rasamimanana, Président du Syndicat des industries de Madagascar

« André Ramaroson est un des grands pionniers de l'industrialisation de Madagascar. Il figure parmi les premiers malgache capitaines d'Industries et n'a cessé de se battre pour promouvoir le « Malagasy ny Antsika ». Sa disparition laisse un grand vide dans le monde de l'Industrie et au sein de la grande famille du SIM qui, certainement continuera ce combat durement mené ».

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