Madagascar: Les populations du Nord-Ouest consternées devant les Français

La guerre menée par Ratovelo contre les Antankarana, à Betamboho, démontre que les forces merina dans le Nord s'affaiblissent, au bénéfice des forces françaises de Diego-Suarez (lire Notes du vendredi 11 aout).

D'où la réussite de l'expédition des troupes françaises dans le Nord-Ouest. En effet, les Français remportent, facilement, les batailles du Nord, toujours grâce à la participation active des trois souverains du Nord de Madagascar, les rois Tsialana II et Tsiaraso et la reine Binao. Ranavalona III accepte le protectorat de la France, le 1er octobre 1895. Mais pour les Sakalava et les Antankarana, cette deuxième victoire n'apporte aucun changement réel : le gouverneur merina d'Anorontsangana revient à son poste. Les troupes merina réoccupent Ambodimadiro, dans la baie d'Ampasindava.

« Ils reprenaient leurs méfaits en razziant et brûlant les champs et les villages, ravissant les troupeaux de boeufs. Il ne s'agissait plus d'une occupation, mais d'une vengeance et des représailles caractérisées » (Cassam Aly Ndandahizara, inspecteur principal des Impôts, Ambalavelona ou l'insurrection anticoloniale dans le Nord-Ouest de Madagascar en 1898.

La reine Binao demande alors de l'aide aux autorités françaises de Nosy Be. Celles-ci lui conseillent de bâtir un village fortifié où elle regrouperait tous les Sakalava- même ceux qui se sont enfuis sur les iles Nosy Be, Nosy Faly, Nosy Mitsio- pour mieux se défendre. Après avoir été chassé d'Ambohimarina, Ratovelo est placé comme gouverneur général de Vohémar par l'ordonnance de la reine Ranavalona, en date du 6 juin 1896. Situation incompréhensible pour les Antankarana, car ils ignorent tout du traité franco-hova du 1er octobre 1895.

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La région de l'Ankarana est, néanmoins, plus tranquille, car les troupes de Ratovelo n'osent plus s'y aventurer, craignant l'intervention des Antankarana stationnés à Nosy Mitsio et des Français de Diego-Suarez. La loi du 6 août 1896 prononce l'annexion de Madagascar par la France, abolissant ainsi le protectorat. Les Sakalava et les Antankarana, réfugiés sur les diverses iles de la côte Nord-Ouest, retrouvent leurs villages, leurs champs et leurs pâturages, naguère envahis sur la Grande Terre.

Le général Gallieni arrive à Antananarivo, le 16 septembre, pour remplacer le général Voyron, commandant supérieur du Corps d'occupation et des territoires militaires, et, le 28 septembre, il est nommé résident général de Madagascar. Dès sa prise de contact avec Ranavalona III, qu'il « invite » à venir le voir, le même jour, il joue cartes sur table. « Je suis heureux de recevoir

Votre Majesté et de lui témoigner les sentiments de mon affection et de la sympathie que la France et le gouvernement de la République éprouvent pour elle. Il n'en saurait être autrement, Madame, car Madagascar est désormais une terre française. Il est de mon devoir de m'exprimer très franchement et très clairement à ce sujet, afin qu'il ne reste plus aucun doute ni équivoque sur ce point dans votre esprit ni dans celui de la population de l'Emyrne : l'ile de Madagascar est maintenant une colonie française et les populations qui l'habitent, sont devenues sujets français. Les couleurs françaises sont les seules qui doivent flotter désormais sur les moindres villages de la Grande Ile.» Le 28 février 1897, la reine Ranavalona III, reçoit, de la main du gouverneur Rasanjy et du chef de l'État-major Gérard, l'arrêté N°433 qui abolit la Royauté merina.

Tout de suite, elle est dirigée sur Toamasina où elle est embarquée pour La Réunion, puis envoyée à Alger. Avant l'annexion, le parlement de la République française a voté, le 9 mars 1896, deux lois, la première, sur le régime de la propriété foncière et, la seconde, sur le régime des concessions. Mois par mois, le général Gallieni est informé du déroulement des reconnaissances et explorations entreprises à travers l'ile. C'est l'une des causes immédiates de l'insurrection anticoloniale dans le Nord-Ouest de Madagascar, en 1898.

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