Afrique: Tuberculose - Traiter les contacts des patients est «bénéfique»

Un enfant reçoit un traitement pour la tuberculose au Soudan du Sud.
16 Août 2023

Selon des chercheurs, l'administration d'un traitement préventif contre la tuberculose (TB) aux contacts des personnes infectées pourrait réduire considérablement le nombre de décès et permettre d'économiser de l'argent.

Bien qu'elle soit évitable et guérissable, la tuberculose est la deuxième cause de décès par une maladie infectieuse dans le monde après la COVID-19.

« La tuberculose reste la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde , bien qu'elle soit évitable et guérissable », déclare Gavin Churchyard, co-auteur de l'étude et directeur général de l'Institut Aurum, dans un entretien avec SciDev.Net.

"Environ la moitié des familles touchées par la tuberculose font face à des coûts catastrophiques, ce qui signifie qu'elles dépensent 20 % ou plus du revenu annuel du ménage avant la tuberculose pour la gestion de la tuberculose"Limakatso Lebina, Africa Health Research Institute, Afrique du Sud

Theresa Ryckman, auteure principale de l'étude et chercheuse postdoctorale au Center for Tuberculosis Research du Johns Hopkins University School of Medicine , affirme que lorsque des personnes sont atteintes de tuberculose, leurs contacts familiaux ont également de fortes chances d'avoir la maladie.

Cela, dit-elle, implique que les contacts familiaux pour la tuberculose doivent être testés puis traités ou alors recevoir des médicaments préventifs , car la maladie reste l'une des principales causes de mortalité en Afrique subsaharienne.

« Nous ne faisons pas du bon travail dans ce domaine - en particulier pour les enfants plus âgés et les adultes - même si l'ONU et l'OMS en ont fait une activité hautement prioritaire », déclaré Theresa Ryckman.

« Cela s'explique en partie par le fait que certaines personnes pensent que le dépistage et le traitement des contacts familiaux coûtent trop cher », dit-elle. Ajoutant que « nous voulions montrer que ces activités sont rentables à tel point que, espérons-le, davantage de gouvernements leur accorderont la priorité. »

Les auteurs de l'étude, publiée dans la revue Lancet Global Health le 18 juillet dernier, ont développé un modèle informatisé utilisant des données d'études antérieures et des bases de données de l'OMS pour estimer ce qui arriverait aux contacts familiaux s'ils étaient traités de manière préventive.

Ils ont découvert que le traitement préventif réduirait considérablement les décès, en particulier les décès d' enfants . L'étude a révélé que près de 850 000 décès dus à la tuberculose pourraient être évités, dont 700 000 seraient des enfants âgés de 15 ans et moins.

L'étude a analysé les décès dus à la tuberculose et le traitement (y compris le coût du traitement de la tuberculose chez les personnes qui n'avaient pas été testées) dans 29 pays, dont des pays africains tels que le Burundi, la République démocratique du Congo, l'Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Libéria, le Lesotho, le Mozambique, le Malawi, la Namibie, le Rwanda, la Somalie, l'Eswatini, la Tanzanie, l'Ouganda, l'Afrique du Sud, la Zambie et le Zimbabwe.

Pour 100 ménages dans les pays modélisés dans l'étude, on s'attendait à ce que sept contacts développent la tuberculose au cas où il n'y aurait pas de traitement préventif de la tuberculose ni recherche des contacts.

En outre, lorsque le traitement préventif a été intégré aux programmes de recherche de contacts existants, le coût du traitement a été considérablement réduit pour les enfants de moins de 15 ans.

« Étant donné que tous ces pays ont intensifié le traitement préventif chez les personnes vivant avec le VIH, il serait donc logique qu'ils fassent de même pour les contacts familiaux », affirme Theresa Ryckman.

Elle souligne que cela pourrait être coûteux à l'échelle nationale, représentant une part importante du budget de la lutte contre la tuberculose dans les pays à faibles ressources.

« Nous espérons que ces résultats pourront motiver les donateurs externes à accorder la priorité au dépistage, au traitement et à la prévention de la tuberculose parmi les contacts familiaux », indique Theresa Ryckman.

Limakatso Lebina, responsable de l'unité des essais cliniques à l'Africa Health Research Institute, basé en Afrique du Sud, confie à SciDev.Net que cette étude est cruciale car elle montre que le traitement préventif de la tuberculose n'est pas seulement une intervention biomédicale utile, mais également une initiative de réduction des coûts.

Sensibilisation

« Environ la moitié des familles touchées par la tuberculose font face à des coûts catastrophiques, ce qui signifie qu'elles dépensent 20 % ou plus du revenu annuel du ménage avant la tuberculose pour la gestion de la tuberculose », affirme-t-elle.

Bien que le traitement préventif de la tuberculose soit efficace pour réduire le risque, Limakatso Lebina relève que son utilisation a été très faible, avec seulement 3 % des contacts familiaux de la tuberculose qui l'ont reçu.

« Tous les systèmes de santé doivent en faire plus pour accroître son utilisation. Cela peut inclure la sensibilisation de la communauté, l'amélioration des connaissances des travailleurs de la santé et la garantie d'un stock adéquat », ajoute la chercheure.

Elle exhorte les pays africains à augmenter le financement des programmes de lutte contre la tuberculose afin d'enrayer l'impact de la COVID-19, tout en appelant à des changements dans les systèmes de santé qui mettent davantage l'accent sur la recherche active des cas de tuberculose avec un dépistage systématique et davantage de programmes communautaires.

« Si les coûts d'accès des patients aux services de lutte contre la tuberculose sont élevés, en particulier le diagnostic, nous continuerons d'avoir de nombreuses personnes atteintes de tuberculose infectieuse non diagnostiquées dans nos communautés », prévient Limakatso Lebina.

« Les stratégies de lutte contre la tuberculose doivent se concentrer sur les initiatives de réduction des coûts et le soutien socio-économique des personnes touchées par la maladie, conclut-elle.

La version originale de cet article a été produite par l'édition anglophone de SciDev.Net pour l'Afrique subsaharienne.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.