Soudan: Eviter l'enlisement

analyse

A l'évidence, le supplice du peuple soudanais n'est pas près de s'estomper, depuis le déclenchement de la guerre meurtrière qui déchire le pays, il y a de cela quatre mois. C'est du moins ce que l'on est tenté de dire, au regard de l'évolution de la situation marquée par la poursuite effroyable des hostilités d'une rare violence sur le terrain des combats.

En effet, cette guerre, insensée selon certains observateurs, entre le général Al-Bourhane qui est le commandant en chef de l'armée nationale soudanaise et le général Mohamed Hamdam Dagalo, dit Hemetti, chef d'une force paramilitaire régulière, a déjà fait près de 4.000 morts, à en croire les Nations unies.

En plus de ce bilan bien macabre, cette guerre a exacerbé l'insécurité alimentaire, les violences sexuelles, les risques d'épidémie et bien d'autres incertitudes, déshonorant pour le pays. Face à cela, des organisations internationales n'ont pas arrêter d'appeler au cessez-le-feu afin d'abréger la souffrance et d'arrêter le massacre des Soudanais dont nombre d'entre eux ont toujours en mémoire les affres de la guerre civile ayant ravagé le pays, dans la zone du Darfour.

« Depuis quatre mois, le peuple soudanais est plongé dans une guerre qui détruit sa vie, sa patrie et viole ses droits fondamentaux », ont déclaré des hauts responsables d'organisations humanitaires et d'agences onusiennes, dans un communiqué commun. Cet appel, selon des sources médiatiques, intervient alors que le plan de financement de 2,57 milliards de dollars pour l'aide humanitaire au Soudan n'a reçu que 651 millions de dollars.

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Les zones les plus touchées par les combats sont Khartoum et les villes voisines, El Obeid dans le Nord-Kordofan, et la région du Darfour, en particulier le Darfour occidental, où le conflit a été caractérisé par des attaques contre des civils en raison de leur appartenance ethnique.

Environ 71% des 3,2 millions de personnes se sont déplacées à l'intérieur du pays, tous originaires de Khartoum. Au regard de ce qui précède, c'est donc un enlisement du conflit qui se profile dangereusement avec un risque élevé de plonger le Soudan dans un précipice affreux.

Toute chose qui peut également l'éloigner un peu plus de toute perspective de démocratisation du pays. En plus, cela donne aussi l'occasion à des acteurs malveillants d'en tirer profit et assouvir leur boulimie sordide, sans véritable intention d'apaisement.

A ce propos, il suffit de se rappeler le cas de la Libye voisine pour s'en convaincre. Malheureusement, sans trop de pessimisme, il est loisible de soutenir que la situation tend vers ce scénario. Car, depuis le début des hostilités le 15 avril dernier, toutes les tentatives de médiation internationale, initiées par certains Etats, ont échoué, laissant les pauvres citoyens dans l'expectative totale.

Faut-il le rappeler, des sommets se sont enchaînés sans qu'aucune solution véritable et durable n'ait été trouvée, malgré la bonne volonté des médiateurs. En effet, les tentatives de médiation de l'Arabie Saoudite, du Kenya, du Togo et de l'Egypte n'ont pas eu d'effets sur les intentions des belligérants.

Pourtant, ce n'est que par la voie diplomatique que ce conflit peut trouver un règlement, au grand bonheur du peuple soudanais et, même de cette partie de l'Afrique probable victime des effets collatéraux.

Pour y parvenir, il faudrait que les deux généraux en conflit sachent raison gardée en privilégiant surtout l'intérêt général au détriment de leurs égos personnels. Dans cette dynamique, il appartient également à la communauté internationale de repenser sa médiation pour rabibocher les parties belligérantes au conflit pour éviter à toute l'Afrique orientale un enlisement au préjudice de tous.

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