Entre la junte militaire qui souffle le chaud et le froid et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) qui retient l'option militaire pour garantir le retour à l'ordre constitutionnel tout en privilégiant la voie diplomatique, la situation reste incertaine au Niger.
Ce jeudi 16 et demain vendredi 17 août, les chefs d'état-major du bloc ouest-africain vont se réunir au Ghana afin de déterminer les modalités d'une éventuelle intervention militaire au Niger après le coup d'Etat qui a renversé le président Mohamed Bazoum même si la Cedeao dit privilégier la voie du dialogue. Cette rencontre devait avoir lieu samedi dernier, deux jours après la décision de la Cedeao d'ordonner le déploiement de sa «force en attente» pour restaurer l'ordre constitutionnel face aux putschistes.
Toutefois, la question d'une intervention militaire au Niger divise encore les pays. Si certains comme la Côte d'Ivoire, le Bénin se sont dits «prêts» à envoyer leurs soldats au Niger ou soutiennent une intervention militaire, d'autres ont fait part de leurs réserves. Il s'agit, par exemple, de la Russie et du Mali qui ont appelé ce mardi à une résolution pacifique de la crise au Niger. Le Mali, tout comme le Burkina Faso, avait très rapidement affiché sa solidarité avec les militaires au pouvoir à Niamey. Les deux pays avaient assimilé une intervention militaire à «une déclaration de guerre» faite au Niger.
Pour sa part, l'Algérie a estimé qu'une action militaire serait «une menace directe» pour sa propre sécurité tandis qu'au Nigeria, parlementaires et responsables politiques, jusqu'au Sénat, demandent au président de reconsidérer sa position favorable à une intervention.
Au Sénégal, plusieurs responsables s'opposent à une action militaire.
En effet, après s'être montrés intransigeants, refusant notamment d'accueillir une délégation conjointe de la Cedeao, de l'Union africaine et de l'ONU, le régime militaire nigérien a accueilli ce samedi une délégation des religieux de chefs religieux nigérians. Ces derniers ont entamé des médiations pour une résolution pacifique de la crise. Pour cause, ils redoutent de graves conséquences dans leur pays et dans la région du Sahel meurtrie par les violences jihadistes.
Le Premier ministre nommé par les militaires au Niger, Ali Mahaman Lamine Zeine qui a entamé mardi dernier une visite de 48 heures au Tchad auprès du président de la transition, Mahamat Idriss Déby, a annoncé un «engagement fort du Tchad à soutenir le Niger». «Nous avons constaté un engagement solide de la part du Tchad pour soutenir le Niger dans cette période critique», a-t-il déclaré. Ce, après avoir «réitéré leur disponibilité à rester ouvert et échanger avec toutes les parties» tout en insistant sur l'indépendance de leur pays.
Cependant, le régime militaire nigérien souffle le chaud et le froid. La junte qui se disait ouverte au dialogue, il y a quelques jours, a soudainement annoncé vouloir «poursuivre le président Bazoum pour haute trahison et atteinte à la sûreté nationale». Ce que la Cedeao qualifie de «provocation» qui contredit sa volonté de résoudre pacifiquement la crise politique dans le pays. La menace d'intervention avait été brandie une première fois le 30 juillet par les dirigeants ouest-africains qui avaient lancé un ultimatum de sept jours aux militaires de Niamey pour rétablir le président Bazoum, sous peine d'utiliser «la force», non suivi d'effet.
Renversé le 26 juillet dernier, le président Mohamed Bazoum est toujours retenu par la junte et dans des conditions «inhumaines», selon l'Organisation des Nations unies (ONU).