L'exécutif n'entend pas reculer face aux vives critiques qui lui sont adressées à propos de la tenue de réunion publique pour les partis. Plusieurs candidats ont dû affronter les forces de l'ordre pendant leur tournée. Le parti HVM évoque une tendance autoritaire.
La semaine dernière, la tournée politique de Hery Rajaonarimampianina a été une occasion pour les autorités locales de faire parler de sa fermeté concernant la tenue de manifestations politiques sur la voie publique. L'ancien président, qui a fait le déplacement à Vohémar, a été bloqué par les éléments de l'état-major mixte à Ampanefena. Les autorités n'offrent pas le champ libre aux partisans du HVM à cette occasion.
Ils crient scandale et évoquent des « intimidations » de la part de l'exécutif face à des potentiels concurrents du chef de l'Etat lors de la prochaine présidentielle. « De tels agissements représentent une obstruction flagrante au libre exercice de l'expression politique », a dénoncé le parti dans un communiqué. « C'est inadmissible ! », a tonné Hery Rajaonarimampianina, hier, lors d'une rencontre avec la presse. La démocratie est atteinte, soutient-il. « Ces actes mettent en péril le respect de l'État de droit ainsi que des principes démocratiques fondamentaux », poursuit le HVM dans la dépêche d'hier.
Caractère dictatorial
Hery Rajaonarimampianina interpelle, à cet effet, la communauté internationale car les prochaines « élections libres que les acteurs nationaux et internationaux aspirent sont ternies par ces dérives autoritaires des tenants du régime », évoque-t-il. « Il est crucial de rappeler que les pays partenaires de Madagascar avaient vigoureusement condamné ces actes à caractère dictatorial perpétrés par le régime, comme en témoigne le communiqué conjoint des missions diplomatiques de l'Union européenne, de la France, de la Grande-Bretagne, de la Suisse, des États-Unis d'Amérique, du Japon, de l'Allemagne et de la Norvège, publié au mois d'avril dernier », a rappelé le communiqué du parti signé par Rivo Rakotovao.
Le parti HVM redoute également les trépidations lors de la période électorale qui se rapproche. « Les conditions pour assurer la tenue d'élections libres et transparentes, garantes de la consolidation de la paix et de la démocratie ne sont, pour l'instant, pas réunies », soutient-il dans le communiqué. En tout cas, d'autres voies s'élèvent aussi des autres bords.
MID
Dans le cadre de sa tournée nationale, Mihava Tour, Siteny Randrianasoloniaiko a eu des accrochages, à plusieurs reprises, avec les forces de l'ordre. Des éléments de l'état-major mixte opérationnel érigent des barrages à Morondava, Mananjary, ou dans d'autres villes pour empêcher les partisans de ce candidat à la prochaine présidentielle de tenir des meetings publics.
Les marches « jaune » qui accueillent parfois plusieurs personnes dans la destination de Mihava Tour ne sont pas du goût des autorités locales. Ils brandissent toujours la réglementation en vigueur depuis la précision apportée par le ministère de l'Intérieur et de la Décentralisation en avril dernier. Dans une correspondance, ce département dirigé par Justin Tokely a voulu faire comprendre que la tenue de manifestations politiques sur la voie publique est « interdite par les textes en vigueur ».
Dernier recours
A peine arrivé dans l'arène, Tahina Razafinjoelina a déjà goûté à cette méfiance des autorités à toute réunion politique organisée par des rivaux du régime. Ce candidat de la plateforme « Firaisankinan'ny Tia Tanindrazana » a aussi droit à des embrouilles avec l'administration locale depuis l'annonce de sa candidature, le vendredi 11 août dernier à Fianarantsoa. Son meeting de lancement, à Bateravola, a dû changer d'adresse à plusieurs reprises faute d'autorisation. D'après une source concordante, le choix aurait été naturellement fait en faveur d'un meeting au quartier général du candidat à l'ex-Sofia Hotel à Fianarantsoa, mais très vite, l'option a été abandonnée par les partisans de Tahina Razafinjoelina faute d'avoir eu l'onction des autorités.
Une démarche auprès de l'établissement St Joseph Ambozontany a été également faite pour une alternative mais elle a échoué. Faute toujours du feu vert de la préfecture. Un espace privé à Bateravola à finalement été le dernier recours pour annoncer la candidature du poulain de la plateforme « Firaisankinan'ny Tia Tanindrazana » mais la tenue du meeting dans cette enceinte cloîtrée a toujours fait l'objet de la vigilance des autorités locales qui ont empêché, selon notre source, l'installation de deux écrans géants durant la rencontre. Pour les partisans du candidat, l'attitude du régime s'apparente à une « intimidation ».
Confrontation
Les disputes avec les forces de l'ordre sont le lot quotidien des tournées de Marc Ravalomanana. L'ancien président, qui, lui aussi, a déjà annoncé sa candidature à la prochaine présidentielle du 09 novembre prochain, devrait, à plusieurs reprises, négocier avec les barrages de « sécurité » installés par les forces de l'ordre dans les parages de son lieu de meeting. À la fin du mois de juillet, il a été empêché par des gendarmes d'assister à une réunion de l'Église luthérienne à Antsirabe.
En juin dernier, dans la même ville, le congrès du Tiako i Madagasikara a tourné au vinaigre suite à l'intransigeance de la préfecture d'interdire aux milliers de partisans de Marc Ravalomanana d'avoir accès au site du Magro dans le quartier d'Avaratsena. La confrontation a été inévitable. Trois mois avant cette incidence, un autre meeting politique organisé par Marc Ravalomanana a été également empêché par les forces de l'ordre à Beravina Andranonahoatra, district d'Atsimondrano.