Niamey (CICR) - Alors que près d'une personne sur cinq a déjà besoin d'aide humanitaire au Niger, les conséquences des conflits armés et autres situations de violences impactent toujours la vie de millions de personnes à travers le pays. Nos équipes sur place, en partenariat avec la Croix-Rouge du Niger (CRN), continuent de fournir de l'aide aux populations les plus vulnérables, notamment les déplacés, qui peinent déjà à subvenir à leurs besoins.
C'est le cas d'Issoufou Agaly, déplacé à Téra dans la région de Tillabéri. Il est parmi les 7'700 personnes qui ont reçu une aide alimentaire du CICR le 18 juillet. « Avec cette crise alimentaire, nous n'arrivons souvent pas à nous procurer trois rations journalières. Cette distribution de vivre est arrivée à un moment opportun. Je connais des personnes qui passent les nuits sans manger. »
D'autres personnes rencontrées par nos équipes dans le sud-est nigérien, région la plus affectée par les conflits et les violences, ont peur que la situation n'empire dans les mois à venir. « Nous avons des craintes. Nous sommes déjà victimes de l'insécurité et les denrées deviennent davantage inaccessibles. Tous les prix augmentent en flèche : le prix du riz, du mil, du maïs etc... Le kilo de riz importé qui se vendait à 350 F est aujourd'hui à 500 F au marché », explique Alzouma Nouhou, agriculteur à Anzourou. « Je suis particulièrement préoccupé, parce qu'à cette période de l'année, nos cultures ne sont pas encore prêtes et nos greniers sont vides. Cette situation risque de nous enfoncer malheureusement. »
Depuis début juillet et pour répondre aux besoins, les équipes du CICR et de la Croix-Rouge du Niger, ont continué de porter assistance aux communautés affectées par les conflits, dans les régions de Diffa, Tillabéri et le Nord Tahoua.
Plus de 2'700 personnes déplacées, majoritairement des femmes et des enfants ont reçu des articles ménagers de bases, incluant des pagnes, des seaux, des bâches, des moustiquaires, du savon et des articles de cuisine.
Près de 60'000 personnes ont reçu une assistance alimentaire d'urgence.
Plus de 8'150 familles (57'000 personnes) ont reçu un crédit de 92'500 XOF pour leur permettre de se fournir en nourriture auprès de producteurs locaux réunis par le CICR sur un marché éphémère. Cette foire permet également de dynamiser l'économie locale.
Près de 2'500 personnes (350 ménages d'agriculteurs), ont bénéficié de la distribution de semence pluviale leur permettant de planter et récolter leur nourriture.
60 tonnes de blé ont été prépositionnées dans 3 banques alimentaires pour bétail dans la région de Tahoua. Ces aliments seront mis en vente à prix modéré pour en faciliter à 8'400 personnes (1'200 ménages) éleveurs et agro-éleveurs des zones fourragères déficitaires.
Abdallah Togola, en charge des activités de sécurité économique du CICR au Niger, constate également une flambée des prix inquiétante, limitant encore la possibilité des familles vulnérables à accéder à une alimentation suffisante. « Nous observons depuis deux semaines une augmentation significative des coûts des biens de première nécessité, atteignant parfois 60% sur certains produits, comme l'huile. Les prix prix continuent de fluctuer. »
En sus des sanctions économiques, plusieurs pays étrangers ont récemment annoncé la suspension de l'aide au développement au Niger, faisant poindre le risque d'une aggravation des besoins humanitaires. « Sur les marchés céréaliers, l'offre sera bientôt inssufisante en raison de l'épuisement des stocks des agriculteurs, en particulier dans les zones de conflit ou d'insécurité. Les besoins de consommation et d'aide alimentaire dans les régions accueillant des personnes déplacées, réfugiées et retournées, seront en hausse nette », souligne Ronald Ofteringer, Chef de Délégation du CICR au Niger.
Présent au Niger depuis 2007, le CICR estime que les besoins humanitaires vont augmenter dans les mois à venir. L'organisation réaffirme sa volonté de continuer de porter assistance et protection aux populations affectées par les conflits armés et autres situations de violence en partenariat avec la CRN et les autres composantes du Mouvement Croix-Rouge et Croissant Rouge présents au Niger. Le CICR réaffirme également son attachement strict à ses principes fondamentaux d'humanité, d'impartialité, et de neutralité.