Une mémoire de fourmi. Les politiciens ont la même tare. Quand ils sont au pouvoir ils en abusent au point de faire ce qu'ils auraient dénoncé s'ils étaient dans l'opposition.
Quand ils sont dans l'opposition ils dénoncent ce qu'ils auraient fait s'ils étaient au pouvoir. Ainsi lors du mouvement populaire de la crise de 2002, Marc Ravalomanana avait vigoureusement dénoncé le verrouillage des médias publics à l'opposition et avait promis de libérer l'expression. Quand il a eu le pouvoir, il a fait exactement le contraire recourant au service d'un serrurier pour rendre hermétique la RNM et la TVM à l'opposition.
Pire, il n'a pas donné la moindre pouce de terrain à l'opposition. Un meeting d'opposants avait été rudoyé par des éléments mandatés en 2005 à Mahamasina. Ils ont démantelé l'estrade et jeté les baffles et haut- parleurs dans le lac Anosy. L'ancien président Albert Zafy a été arrosé par des gaz lacrymogènes lors d'un meeting à Mahamasina. L'ancien sénateur Robert Razaka avait été agressé à Analakely, des individus avaient pissé sur son écharpe. Marc Ravalomanana est mal placé pour se plaindre des brimades dont il fait l'objet dans ses déplacements à travers le pays.
Il doit se rappeler que même les meetings dans une salle étaient interdits. Le Leader Fanilo de feu Herizo Razafimahaleo n'avait pas le droit de réunir ses partisans dans l'enceinte de son usine Afoma à Ambositra en 2006. Hier l'ancien président Hery Rajaonarimampianina s'est également plaint du mauvais traitement dont il fait l'objet ces derniers temps. Il a oublié qu'il avait réservé exactement le même traitement aux opposants pendant son règne.
Réunie au sein du mouvement Armada, l'opposition n'avait pas le droit de tenir des meeting après une première réunion à succès à Andrefan'Ambohijanahary en 2015. Certains opposants leaders du mouvement ont fait l'objet d'intimidation et de menace d'arrestation. Même les députés voulant faire un rapport à leurs électeurs ne pouvaient pas le faire. En revanche le HVM pouvait tenir tranquillement ses congrès régionaux d'un bout à l'autre du pays.
L'histoire est ainsi un éternel recommencement. Une tradition bien respectée et dont on ne voit aucun inconvénient. Et ainsi va la pratique politique. Un cirque infernal dont il est difficile de vaticiner la fin. Aussi longtemps que l'on est enfermé dans une alternance manivelle, on ne pourra pas sortir de l'auberge. C'est d'autant plus vrai que les mêmes acteurs politiques dominent la scène depuis deux décennies et répètent le même numéro.