L'Afrique est le seul continent au monde où l'on peut se lever un beau matin et dire qu'on renverse un pouvoir démocratiquement ou anti-démocratiquement élu.
Le 26 juillet dernier, on a assisté à un putsch au Niger, qui a renversé le Président élu, Mohamed Bazoum. Un coup d'État, le troisième au cours de cette décennie, mené par le général Abdourahmane Tchiani. Ce dernier a justifié cette prise de pouvoir par une dégradation de la situation sécuritaire du pays. Et le hic est qu'elle intervient après les putschs survenus dans les pays voisins, au Burkina, avec la chute de Roch Marc Christian Kaboré, renversé par le lieutenant-colonel Paul Henri Sandogo Damiba, lui-même victime du Capitaine Ibrahima Traoré, puis au Mali et en Guinée avec respectivement Assimi Goïta et Mamadi Doumbouya.
La prise de pouvoir par les militaires est presque devenue une banalité en Afrique. Ces trois dernières décennies, le continent a été le théâtre d'une trentaine de coups de force. Il n'est pas exagéré de dire que la saison des putschs est de retour.
Souvent allergiques à l'alternance démocratique, certains pays de la sous-région n'ont pas été épargnés par les putschs qui ont laissé un souvenir douloureux dans les consciences. Dans cet exercice, la Guinée-Bissau figure en bonne place. En avril 2012, pendant l'entre-deux tours de la présidentielle, le régime de Carlos Domingos Gomes Junior est renversé. Le Mali, après deux décennies de processus démocratique et d'alternance au pouvoir, a connu le même sort le 22 mars 2012, avec l'éviction du Président Amadou Toumani Touré, qui était à quelques jours de la fin de son mandat. Quatre années plus tôt, la Mauritanie avait eu aussi son putsch. Le général Mohamed Ould Abdel Aziz est entré dans l'histoire avec sa prise du pouvoir confié par le peuple à Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi par la voie de la force.
La Guinée a, elle aussi, connu son épisode douloureux après la mort du Président Lansana Conté le 22 décembre 2008. Sorti de nulle part, un groupe d'officiers se présentant sous le nom de Conseil national pour la démocratie et le développement (Cndd) annonce à la radio, par le biais de son porte-parole, Moussa Dadis Camara, la dissolution du gouvernement et de la Constitution du pays. Il s'autoproclame Président de la République le 24 décembre 2008. La Gambie y est aussi allée de son coup d'État militaire. Le 22 septembre 1994, le lieutenant Yaya Jammeh renverse Dawda Kaïraba Jawara et s'autoproclame ensuite président...
À l'école de la démocratie, le Sénégal est resté un (très) bon élève ; surtout comparé à ses voisins chez qui les élans de démocratisation ont souvent avorté du fait de coups d'État militaires devenus, depuis les indépendances, un moyen d'accession au pouvoir. Le pays a été à l'abri de toutes ses secousses, préservé par ces actes anti-démocratiques, épargné de cette putsch(cratie) érigé presque en règle. Vivement que ça dure !