Soudan: Des experts de l'ONU alarmés par le recours généralisé du viol par les Forces de soutien rapide

Une experte de l'UNICEF sur l'exploitation et les abus sexuels informe des personnes déplacées à un point de rassemblement à Wad Madani, dans le centre-est du Soudan.
17 Août 2023

Des experts des Nations unies ont exprimé, jeudi, leur inquiétude face aux informations faisant état « d'un recours brutal et généralisé au viol et à d'autres formes de violence sexuelle par les Forces de soutien rapide (FSR) » au cours du conflit armé interne qui sévit depuis quatre mois au Soudan, et ont appelé à mettre fin à la violence actuelle.

Tout en appelant les deux parties au conflit à mettre fin aux violations du droit humanitaire et des droits de l'homme, les experts se sont dits particulièrement préoccupés par les informations persistantes faisant état de violations généralisées de la part des forces de sécurité. Ils citent notamment des informations selon lesquelles des femmes et des filles ont été soumises à des disparitions forcées et à des actes équivalents, ont été forcées de travailler et ont été exploitées sexuellement.

Selon les experts indépendants onusiens, des centaines de femmes auraient été arrêtées par les forces de sécurité, détenues dans des conditions inhumaines ou dégradantes, victimes d'agressions sexuelles et exposées à l'esclavage sexuel. « Il existe des preuves que les femmes défenseurs des droits de l'homme locaux ont également été directement ciblées ».

Des viols parfois motivés par des considérations ethniques et raciales

« Il est allégué que des hommes identifiés comme membres des forces de soutien rapide utilisent le viol et la violence sexuelle à l'encontre des femmes et des jeunes filles pour punir et terroriser les communautés. Certains des viols signalés semblent être motivés par des considérations ethniques et raciales », ont déclaré dans un communiqué les 25 experts de l'ONU.

%

Les femmes et les filles soudanaises vivant dans les centres urbains et au Darfour sont particulièrement exposées à la violence. « La vie et la sécurité des femmes et des filles migrantes et réfugiées, principalement originaires d'Érythrée et du Soudan du Sud, ont également été gravement affectées », ont-ils ajouté.

Les experts ont noté qu'en dépit de la politique déclarée de tolérance zéro de la FSR à l'égard des violences sexuelles et sexistes, la commission de ces crimes présumés, entre autres, a été attribuée à plusieurs reprises à la FSR.

« La FSR doit démontrer son engagement à respecter les obligations humanitaires et les droits de l'homme, y compris la prévention de la violence sexuelle et sexiste et de la traite des personnes, la facilitation de l'accès humanitaire et la responsabilisation des auteurs de ces crimes », ont fait valoir les experts.

La communauté internationale doit enquêter sur ces abus

Une façon de rappeler que les femmes doivent bénéficier d'une aide et d'une protection pour les victimes, mais aussi d'un accès à des voies de recours efficaces.

Par ailleurs, la capacité à soutenir et à soigner les victimes de violences a été considérablement entravée par les combats, qui ont empêché l'accès aux victimes, aux communautés et aux zones touchées par le conflit. Selon les experts, il est difficile pour les acteurs locaux et internationaux d'atteindre les personnes touchées.

Les experts ont rappelé à toutes les parties au conflit que leurs combattants doivent respecter strictement le droit international humanitaire et le droit international des droits de l'homme applicables. Ils ont appelé à une résolution pacifique du conflit.

Les experts indépendants des Nations Unies ont également appelé la communauté internationale à enquêter sur les violations présumées du droit international humanitaire et des droits de l'homme.

Outre la quinzaine de membres du Groupe de travail sur la discrimination à l'égard des femmes, du Groupe de travail sur l'utilisation de mercenaires et celui sur les disparitions forcées ou involontaires, ce communiqué a été endossé par une dizaine d'autres experts indépendants de l'ONU dont Reem Alsalem, Rapporteure spéciale sur la violence contre les femmes et les filles.

Note :

Les Rapporteurs spéciaux et les groupes de travail font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand groupe d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, est le nom général des mécanismes indépendants d'établissement des faits et de suivi du Conseil. Les titulaires de mandat au titre des procédures spéciales sont des experts indépendants en matière de droits de l'homme nommés par le Conseil des droits de l'homme pour s'occuper soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Ils ne font pas partie du personnel des Nations Unies et sont indépendants de tout gouvernement ou organisation. Ils travaillent à titre individuel et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.