À moins d'un revirement des autorités européennes, la filière vanille de Madagascar est exposée à une nouvelle menace qui sera difficile à contourner.
Dans un peu moins d'un mois, plus exactement le 14 septembre prochain, la nouvelle réglementation européenne sur la limite maximale de résidus de nicotine dans la vanille entrera en vigueur.
Menace
Pour rappel, cette décision européenne, prise en février 2023 consiste à ramener le taux de résidus de nicotine dans la vanille de 0,3 mg par kilo à 0,02 mg par kilo. Des nouvelles valeurs qui réduisent inévitablement la quantité de vanille que Madagascar peut exporter à destination de l'Union européenne. Face à cette menace, les autorités malgaches ont décidé de mener des actions pour convaincre l'Union européenne de réviser la décision. Une mission qui sera difficile à mener dans la mesure où cette réglementation ne concerne pas uniquement Madagascar mais, a un caractère général.
Il s'agit en effet d'une décision d'ordre sanitaire destinée notamment à protéger les consommateurs contre les effets présumés néfastes des contaminants dans les produits alimentaires. D'ailleurs, outre la nicotine, les résidus d'autres contaminants sont concernés par cette mesure. À savoir, les résidus de chlorure de benzalkonium (CBA), de chlorprophame, de chlorure de didécyldiméthylammonium (CDDA), de flutriafol, de métazachlore, de profenofos, de quizalofop-P, d'aluminosilicate de sodium, de thiabendazole et de triadimenol.
Chute de moitié
En tout cas, cette nouvelle réglementation européenne crée déjà la panique du côté des producteurs mondiaux de vanille. Selon les scientifiques, elle pourrait potentiellement bloquer plus de la moitié des stocks disponibles, car plus de 50% de la vanille offerte sur le marché mondial auraient un taux supérieur à 0,05 mg par kilo de résidus de nicotine, alors que la nouvelle limitation est donc fixée à 0,02 mg par kilo.
Les estimations font état d'une chute de moitié des exportations de vanille de Madagascar vers l'Union européenne. Avec ce que cela suppose de conséquences néfastes sur les milliers de personnes vivant de la filière vanille. Plus particulièrement les 100 000 paysans producteurs qui pourraient tout simplement s'appauvrir davantage.
Marchés américains et asiatiques
Le seul espoir pour que la vanille ne soit pas définitivement enterrée, c'est de trouver les moyens de profiter davantage des marchés américains et asiatiques qui ne sont pas, du moins pour le moment, aussi exigeants que les européens. La perspective pourrait d'ailleurs être intéressante dans la mesure où la réduction de l'offre mondiale consécutive à cette nouvelle limitation des résidus de nicotine est appelée à faire grimper les prix.
Il reste à savoir si les autorités compétentes, à commencer par le ministère de l'Industrialisation, du Commerce et de la Consommation qui est le département de tutelle de la filière vanille dispose des compétences et des moyens nécessaires pour trouver des solutions pour sauver la vanille de Madagascar de cette crise qui risque de lui être fatale. Attendre et voir.