Au total 324 femmes porteuses de fistule obstétricale, à Kolda et à Sédhiou, ont bénéficié d'une prise en charge chirurgicale entre 2018 et 2023. Ces interventions ont eu lieu grâce au Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa) à travers Affaires Mondiales Canada (Amc) pour un coût global de près de cent millions de FCfa, selon un communiqué de l'organisme onusien.
Si la fistule obstétricale a pratiquement été éliminée dans les pays développés, force est de constater, selon le Fonds des Nations unies pour la Population (Unfpa), qu'en Afrique, et en particulier au Sénégal, les femmes font encore face à cette morbidité pourtant évitable et, dans la plupart des cas, chirurgicalement réparable. « De 2018 à 2023, l'Unfpa, à travers Affaires Mondiales Canada (Amc), a mobilisé près de cent millions de FCfa pour la prise en charge chirurgicale de 324 femmes porteuses de fistule obstétricale à Kolda (210 cas) et à Sédhiou (114 cas), la tenue de centaines de causeries éducatives, l'installation d'une maison d'accueil de 3 chambres pour héberger les femmes souffrant de cette pathologie. Le suivi et le renforcement des capacités économiques de chaque femme guérie de fistule obstétricale sont également assurés », a annoncé l'Unfpa dans un communiqué de presse.
Définie par l'Organisation mondiale de la santé (Oms) comme une communication anormale entre le canal vaginal, la vessie et/ou le rectum, la fistule obstétricale est synonyme de stigmatisation chez les femmes. Dans son texte, l'Unfpa explique que la femme porteuse de la fistule subit des pertes incontrôlées d'urines ou de selles entrainant une mauvaise odeur permanente la stigmatisant. Subséquemment à l'ostracisation sociale, selon les témoignages issus des causeries communautaires organisées par cet organisme onusien, elle fait face à des violences faites aux femmes. On peut citer notamment, l'abandon conjugal, la stigmatisation, le rejet familial, la pauvreté, etc.
Affection sévère et débilitante, cette maladie est liée aux mariages et grossesses précoces, aux accouchements à domicile, aux difficultés d'accès géographique, financier et/ou insuffisant aux structures sanitaires. Sans oublier les retards dans la prise en charge au niveau des structures sanitaires. « La fistule obstétricale est l'une des plus graves blessures que risquent les femmes au cours d'un accouchement. Cependant, il existe peu de données disponibles sur l'épidémiologie (incidence et prévalence) de la fistule obstétricale à l'échelle mondiale, et surtout au Sénégal », a souligné l'Unfpa.
Mettre fin à la fistule d'ici à 2030
Sur le plan mondial, à travers la stratégie globale visant à garantir l'accès universel à une santé et à des droits sexuels et reproductifs de qualité, la même source rappelle que les Etats signataires de la convention sur la fistule obstétricale se sont engagés, en 2022, à élaborer et à mettre en oeuvre une stratégie et un plan d'action national inclusif, intégré, chiffré et limité dans le temps. L'objectif est d'y mettre fin d'ici les 7 prochaines années à venir (Odd 2030). «Le volet de prévention de la fistule obstétricale inclut le suivi de la planification familiale pour éviter des grossesses non désirées, la lutte contre le mariage d'enfants et les grossesses précoces chez l'adolescente (bassin non encore mature), la Consultation Prénatale (au moins 4 consultations), l'accouchement assisté par un personnel qualifié dans une maternité équipée (pas à domicile) et les soins obstétricaux néonataux d'urgence, dont la césarienne faite à temps », lit-on dans le communiqué.