Ile Maurice: Réseaux sociaux - De fausses annonces d'emploi et de vraies arnaques se multiplient

Une vingtaine de plaintes ont été enregistrées au ministère du Travail pour recrutement frauduleux. En effet, depuis quelque temps, de nombreuses personnes ont été victimes de faux recruteurs qui publient de fausses propositions d'embauche sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et LinkedIn. Comment procèdent ces marchands de rêves et ces charlatans ? Quelles en sont les conséquences pour ceux qui tombent dans le piège ?

De plus en plus d'escrocs proposent des emplois fictifs avec des salaires alléchants à la clé pour un cahier des charges moins exigeant. Une vingtaine de personnes ont signalé des fraudes, voire des fausses annonces d'emploi, au ministère du Travail au cours de ces dernières semaines alors que d'autres ont aussi rapporté le cas à la police. Ces annonces concernent principalement des postes d'ouvriers ou du télétravail pour des compagnies basées à l'étranger.

Ainsi, Facebook et LinkedIn font face à la sophistication des arnaques au recrutement. De faux recruteurs postent des offres d'emploi sur des groupes particuliers. «I need man/woman to clean empty apartments and construction houses 276 USD per day», peut-on lire sur l'un des posts. Aussitôt que les internautes envoient un message pour exprimer leur intérêt, l'auteur du post leur demande de lui envoyer un Friend request et tous les détails les concernant.

Certains recruteurs n'hésitent même pas à utiliser des photos de compagnies étrangères de renom, telles qu'Amazon, dans leurs annonces d'emploi. Les arnaqueurs proposent, ainsi, de faux emplois comme le travail à domicile ou le télétravail, créant même des sites web sosies de ceux de recruteurs existants, et des offres d'emplois similaires à de vraies propositions d'embauche de sociétés étrangères.

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«Immense déception»

Si plusieurs personnes arrivent à voir que ce sont là des offres frauduleuses, beaucoup sont tombées dans le piège. Une mère de deux enfants, habitant Curepipe, raconte qu'elle avait rejoint le groupe «People of Curepipe» sur Facebook car elle était à la recherche d'un emploi. «Sur ce groupe, on a beaucoup d'informations pratiques de la localité. Souvent, je voyais des offres d'emploi pour un travail à domicile qui était bien rémunéré. J'étais très contente car, pour moi, c'était un poste parfait vu que j'ai deux enfants en bas âge.

J'ai pris contact et la personne a fait un entretien par téléphone», raconte la jeune femme. Finalement, elle s'est rendue compte que quelque chose ne tournait pas rond quand le recruteur, au lieu de donner des détails sur la compagnie et le poste vacant en question, a commencé à lui demander toutes sortes d'informations personnelles. «Par la suite, j'ai réalisé que mon nom et des informations qui me concernent circulaient aussi sur Facebook. Mais je n'ai jamais eu de retour pour le travail en question. Quand j'ai essayé de reprendre contact avec la personne, elle était injoignable et avait même supprimé son profil Facebook. C'est une immense déception», raconte notre interlocutrice. Elle a signalé le cas au ministère du Travail ainsi qu'à la police.

Punissable par la loi

Au ministère du Travail, l'on explique que ce n'est pas un cas isolé et qu'ils ont même enregistré des cas de certains faux recruteurs qui tentent de recruter des personnes pour des compagnies opérant à Maurice. «Ces arnaqueurs se font passer pour des agences de recrutement et promettent de négocier des salaires intéressants», explique un officier.

À ce jour, quelque 20 cas ont été rapportés, mais les victimes, souligne-t-on, sont encore plus nombreuses. Une arnaque ou une fausse promesse d'emploi est punissable par la loi. Le code pénal relatif à l'escroquerie comprend l'«embezzlement» et le «swindling». Le ministère de Travail conseille ainsi aux victimes de se présenter à la police afin qu'une enquête puisse être faite. Il leur faut aussi vérifier si les agences de recrutement détiennent une licence de recruteur du ministère du Travail. La liste de ces agences figure sur le site du ministère.

«Private Recruitment Agencies Bill»

Le projet de loi sur les agences de recrutement privées (Private Recruitment Agencies Bill) a été approuvé par le Cabinet, le 14 juillet, et a été présenté en première lecture à l'Assemblée nationale, le 23 juillet. L'objectif principal est d'abroger la loi sur le recrutement des travailleurs et de la remplacer par un nouveau cadre législatif plus approprié.

Conforme aux recommandations de l'International Labour Organisation (ILO) et l'International Organisation for Migration (IOM), la nouvelle législation devrait consolider et renforcer la loi relative au recrutement de Mauriciens pour un emploi dans le pays et à l'étranger, ainsi que pour le recrutement d'étrangers pour un emploi à Maurice. La nouvelle loi vise ainsi à décourager l'approche des charlatans et des vendeurs de rêves grâce à la régularisation stricte des licences octroyées aux agents recruteurs.

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