Mali: Avec la suspension des vols Air France, la galère des voyageurs

Air France

Air France a annoncé ce 17 août 2023 que la suspension de ses vols à destination du Mali et du Burkina Faso, suite au coup d'État du 26 juillet au Niger et à la situation sécuritaire au Sahel, était prolongée jusqu'au 31 août. La semaine passée, en représailles à ce qu'elles considèrent comme « un manquement », les autorités maliennes de transition ont carrément annulé l'autorisation d'exploitation de la compagnie aérienne française jusqu'au mois d'octobre. Une situation qui pénalise surtout les passagers.

Dahirou Doucouré est malien et vit en France, où il est opérateur économique. Il est rentré au pays en famille pour les vacances, avec Air France. Mais ses billets retour ne lui sont plus d'aucune utilité. « Je n'ai pas de solution. J'essaie d'appeler Air France, j'essaie aussi de trouver un billet avec d'autres compagnies aériennes, mais tout est saturé, déplore-t-il. On n'a pas moins de 1500 € pour un aller simple Paris-Bamako ! Et cela, c'est avec des compagnies qui font passer par la Tunisie, le Maroc ou même par Addis-Abeba avec Ethiopian Airlines. Donc la situation est catastrophique ».

« Irrespectueux »

D'autant que Dahirou Doucouré et sa famille ont des engagements et sont pressés par le temps : « Ma femme, qui travaille à l'école, doit rentrer le 29... C'est très compliqué pour nous. On sera obligé de passer peut-être par la Côte d'Ivoire pour rentrer, et en plus à nos frais parce qu'Air France nous dit que si on prend un avion Air France-Abidjan pour rentrer à Paris, le vol Bamako-Abidjan est à nos frais. Ça nous met plus qu'en colère, c'est irrespectueux. Le problème ne nous concerne même pas, on n'a pas du tout compris la situation. Ce n'est pas un problème qui concerne Niger, c'est peut-être un problème politique... Même si Air France revient, on essaiera de boycotter Air France et ce sera dommage pour eux. »

Coût supplémentaire

Situation inversée, mais problème identique pour Claire Dracius : cette Française vit au Mali, elle y enseigne l'équitation au club hippique de Bamako. Repartie en France pour les vacances, elle doit rentrer ce dimanche dans la capitale malienne. Elle a eu le plus grand mal à trouver comment. « Déjà, il fallait réussir à contacter Air France, ça a été le premier obstacle, s'agace-t-elle. Air France nous proposait un avoir et de nous rediriger vers Dakar. Et, à partir de là, il fallait prendre un autre billet pour qu'on puisse arriver à Bamako. Mais ça n'allait pas : les horaires ne correspondant pas, il fallait trouver un logement sur place, le transport... Ça devenait vite une logistique un peu compliquée, surtout au pied levé. Donc la solution a été de prendre un nouveau billet avec une autre compagnie : Paris-Bamako avec Air Sénégal, mais avec une petite escalade à Dakar ».

« L'image d'Air France a pris un coup au Mali »

Une solution qui permet à Claire Dracius de maintenir son programme, mais qui lui a aussi coûté beaucoup d'argent supplémentaire : « À peu près 430 000 Francs CFA, donc plus de 600 euros. Ça a pris énormément d'énergie à la fin des vacances, devoir gérer au pied levé... » Par ailleurs, comme Dahirou Doucouré, Claire Dracius a du mal à comprendre la décision de la compagnie aérienne française. « J'ai l'impression qu'il y a un peu d'amalgame entre ce qui se passe au Niger et au Mali, estime-t-elle. Je pense que l'image d'Air France a pris un coup à cause de cette décision au Mali, ça, c'est sûr ».

Air France relie habituellement Paris et Bamako de manière quotidienne. La suspension de ces vols est un casse-tête pour tous les voyageurs qui avaient réservé leurs billets, mais également pour les professionnels du tourisme qui avaient vendu ces billets. « Nous avons beaucoup de clients bloqués à Bamako qui nous interpellent tous les jours, explique Sambou Cissé, co-gérant de l'agence ND Voyages à Montreuil, près de Paris. Ils appellent à l'agence pour savoir quoi faire. J'ai orienté plusieurs clients vers Conakry, Dakar ou Abidjan, pour prendre Air France là-bas. Mais Air France ne paye pas ces billets-là : les clients doivent les payer en plus, de leur poche. Ce n'est pas tout le monde qui accepte ça ».

« Pas notre faute »

Sambou Cissé s'inquiète pour ses clients, mais également pour l'agence dont il est responsable : « Ça pose beaucoup de difficultés parce que 80% de notre chiffre d'affaires, c'est Air France. D'autres compagnies, il y en a beaucoup, c'est vrai, mais les Maliens, les Ivoiriens ou les Guinéens préfèrent prendre Air France parce que c'est direct. Les autres compagnies c'est avec escale. J'ai même peur de perdre certains clients qui vont dire qu'on n'a pas fait le nécessaire, alors que ce n'est pas notre faute. J'espère qu'il y aura une solution dans les meilleurs délais. »

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