Chaque jour de sa vie est un combat. Entre sa situation de handicap, l'escalier pour rentrer chez lui qui représente un vrai parcours du combattant, sa solitude et les soucis financiers, Clevio Aroolamundun puise la force d'exister dans le Très haut.
Cet homme de 56 ans, habitant de Mont-Roches, ne cesse de prier pour connaître des jours meilleurs, seul dans sa chambre. Comment en est-il arrivé là ?
Clevio Aroolamundun est père de deux enfants et vit séparé de sa femme. Cet ancien maçon vit grâce à sa pension d'invalidité. Aujourd'hui, seul dans sa maison, il recherche une âme charitable qui pourrait lui venir en aide. «Depuis que mes enfants sont partis, je vis seul et mon handicap ne me facilite pas la vie.»
«C'est triste de voir l'indifférence des gens», pleure celui qui a vu toute sa vie basculer, il y a 12 ans. Il était un bodybuilder passionné qui s'entraînait aux côtés de Rajen Sabapati. «Enn zour mo ti bwar enn zafer pou ed mwa dan mo spor. Mo pa ti koné sipa mo ena tansion for. Monn gagn enn konzesion. Sa finn agravé ek zordi mo dan sa sitiasion la», se remémore Clevio qui venait tout juste de se séparer de sa femme. La vie ne lui fera pas de cadeau et il va perdre la mobilité d'une de ses jambes. Cette situation l'empêchera de travailler et il va toucher une pension d'invalidité.
Sa situation familiale va le pousser à emménager à l'étage d'une maison familiale. Afin d'y avoir accès, Clevio va puiser dans le fin fond de ses économies pour faire construire un escalier. Il va contacter un maçon et se fera berner. «Sa leskalye la an pik. Ek mo kann kouma mo pou fer pou monté ? Letan mo dir mason la sa leskalye la pa bon li dir mwa so manyer mem sa.» Sa situation est encore plus difficile quand il y a une coupure d'eau. Il doit transporter des seaux d'eau à l'étage avec sa canne. Des accidents, il en a eu dans cet escalier digne du Fort Boyard. «Une fois, j'ai glissé dans les escaliers et je suis tombé. J'ai dû me démener pour ne pas me faire très mal.»
Clevio avait entamé la construction de toilettes et d'une salle de bain dans sa maison, mais il a dû stopper les travaux par manque d'argent. Tous ses sous, il les dépense pour payer ses factures et trouver de quoi manger, même si des fois il dort le ventre vide. «Ena fwa mo manz minn Apollo. Lerla mo gard bouyon la pou landemin mo manz ek dipin.» Aujourd'hui, il se retrouve dans la situation embarrassante de devoir utiliser les toilettes de ses voisins. «Mes enfants viennent me voir et ils ont vu ma situation. Ils m'ont dit de faire des démarches.» Il arrête de parler et peine à retenir ses larmes. «Lavi difisil. Dimounn get ou sitiasion abiz lorla. Mo bizin enn led. Mo pa bien ek mo anvi konplet mo twalet.»
Le rêve de Clevio est de ne plus être un fardeau pour personne et de pouvoir se débrouiller seul. Les regards de jugement : il les ressent. «Les gens ne vont rien vous dire mais un regard pèse plus lourd que des mots ou une action.» Il espère trouver l'aide des Mauriciens pour compléter sa maison, si ce n'est reconstruire les escaliers, les toilettes et la salle de bains.