L'ancien ambassadeur Willibrod Slaa, l'avocat Boniface Mwabukusi et un militant de Chadema, le principal parti d'opposition, Mdude Nyagali, avaient été arrêtés entre le 12 et 13 août, accusés notamment de « sédition » après avoir critiqué un accord avec les Émirats ouvrant la voie à la concession du port de Dar es Salaam. Leur interpellation avait été dénoncée par des ONG. Désormais relâchés, ils n'en ont pas fini pour autant avec la justice.
Les trois personnalités ont pour obligation de revenir lundi matin 21 août au commissariat de police pour entendre les chefs d'accusation retenus contre eux. Ce sera au commissariat d'Oysterby à Dar es Salaam pour l'ancien ambassadeur Willibrod Slaa et celui de Mbeya, dans le sud de la Tanzanie, pour les deux autres suspects.
L'une des personnalités arrêtées, Boniface Mwabukusi, avait notamment menacé d'organiser des manifestations après le rejet par le tribunal d'un recours contre l'accord portuaire avec DP World le 10 août 2023.
Au départ, certains responsables policiers avaient indiqué que les suspects seraient poursuivis pour « trahison » une peine passible de la peine de mort. Si ce chef d'accusation semble avoir été écarté, Maitre Philip Mwakilima, l'un des avocats, a toujours des craintes.
« Toutes les poursuites contre les suspects doivent être abandonnées, pas seulement cette accusation de trahison. Ils doivent être libérés une fois pour toutes. Il y a un lien entre l'affaire de DP World et les allégations de trahison. Les autorités ont dit que les suspects voulaient renverser le gouvernement. C'est parce qu'ils ont contesté l'accord avec DP World, que mes clients ont fini en garde à vue. Nous critiquons, mais nous suggérons également une autre manière de faire. Il s'agit de l'avenir du pays, et les plus pauvres ne savent rien des répercussions de ce contrat. Cela nous préoccupe », confie-t-il joint par RFI.
Selon le gouvernement, cet accord ratifié en juin par le Parlement vise à améliorer la productivité des 80 ports tanzaniens, mais ses détracteurs dénoncent un « abandon de souveraineté » à Dubaï.