Afrique: Des cadres du Sine veulent faire construire un mausolée pyramidal dédié au roi Sann Moon Faye

Dakar — L'écrivain et représentant de l'institution royale du Sine (centre), Cheikh Diouf, a déclaré vendredi à l'APS porter, avec des amis, un projet de construction d'un mausolée pyramidal dédié à Sann Moon Faye, l'un des rois du Sine.

« Ce projet est l'un des vastes chantiers prévus par un comité d'initiative dont l'objectif est de réhabiliter et de revaloriser les sites et les monuments historiques du Sine », a-t-il annoncé.

L'initiative est née d'un constat selon lequel le Sine - un ancien royaume correspondant aujourd'hui à la région de Fatick (centre) - ne s'approprie pas suffisamment son histoire et sa culture, selon M. Diouf.

« C'est un constat général : ceux qui doivent être nos références et nos repères sont victimes de l'oubli. Et lorsqu'une société oublie ses repères, elle se perd, et ne sait plus où elle va, elle vivote », a-t-il souligné dans une interview donnée à l'APS.

Devant ce constat, Cheikh Diouf a pris l'initiative, avec des amis, de « ramener dans la mémoire des hommes quelques icônes de l'histoire du Sine, des gens qui se sont fait connaître par le passé et ont donné l'exemple en termes de valeurs », a expliqué l'écrivain et représentant de la chefferie traditionnelle du Sine.

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L'historien et chercheur Sobel Dione, Dr Birane Sène, enseignant au département d'anglais de l'université Cheikh-Anta-Diop et interprète à l'Assemblée nationale, le médecin et radiologue Ismaïla Ngom, l'enseignant Mamadou Lamine Touré, et Cheikh Diouf entretiennent de concert le projet de construction de ce mausolée dédié au roi Sann Moon Faye, qui, de 1871 à 1877, assura la succession de Coumba Ndoffène Fa Maak Diouf (1847-1871).

Selon M. Diouf, des initiatives similaires ont déjà prospéré à Diakhao, une commune de la région de Fatick, qui fut capitale du royaume du Sine.

Grâce à de telles entreprises, des sites historiques de la zone ont été réhabilités, sous la houlette de Mame Birame Diouf et de Mbagnick Ndiaye, deux anciens ministres de la Culture, a-t-il rappelé.

Cette entreprise de réhabilitation du patrimoine historique du Sine a bénéficié du soutien de l'Unesco, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, a-t-il signalé.

« Beaucoup de tombeaux ont été réhabilités, la résidence des lingeer et des reines de Diakhao également. C'est aussi le cas des mausolées de Coumba Ndoffène Fa Maak Diouf, à Ndofane No Maad, et de Coumba Ndoffène Fa Ndeb Diouf (1897-1923) », a poursuivi Cheikh Diouf.

Coumba Ndoffène Fa Ndeb Diouf, a-t-il rappelé, est très connu dans l'histoire du Sine pour avoir témoigné, devant l'administration coloniale, de la droiture et de la dignité de Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), le 7 juin 1903.

« Une campagne de diabolisation »

Cheikh Diouf cite aussi le mausolée du roi Maïssa Waly Dione (1229-1230) à Mbissel comme l'un des sites historiques déjà réhabilités par le ministère de la Culture.

« Nous avons constaté que la figure de Sann Moon Faye, l'un des principaux personnages de l'histoire politique du Sine, a été lésée dans cette entreprise de sauvegarde du patrimoine historique local. Volontairement ou involontairement ! C'est quelqu'un qui a été victime d'une campagne de diabolisation. Il est décrit comme un homme avide du sang des autres, mais ce que nous disent de lui l'histoire et les anciens n'a rien à avoir avec cette description de Sann Moon Faye », a expliqué M. Diouf.

Ses amis et lui veulent apporter leur « contribution » à l'œuvre de réhabilitation entamée par les anciens ministres de la Culture Mame Birame Diouf et Mbagnick Ndiaye, a-t-il dit en revenant à cette initiative.

Cheikh Diouf et ses collaborateurs, au-delà de faire construire un mausolée digne de la dimension historique de Sann Moon Faye, veulent transmettre ses qualités à leurs contemporains.

Selon M. Diouf, la mairie de Diaoulé, dans le territoire duquel le roi est mort en 1877, soutient l'initiative. Sous l'égide de son maire, Abdou Khadre Ndiaye, cette commune a affecté un site au futur mausolée.

Les descendants du roi Sann Moon Faye, dont la famille du défunt général Waly Faye (il fut chef de la Gendarmerie nationale), et des habitants du Sine soutiennent également l'entreprise menée par Cheikh Diouf, Sobel Dione, Ismaïla Ngom, Dr Birane Sène et Mamadou Lamine Touré.

Le futur mausolée devrait coûter 8.082.900 francs CFA, selon les estimations faites, a avancé Cheikh Diouf.

Selon lui, les sites évoquant la mémoire du défunt roi se trouvent à différents endroits, qui vont de Ndiongolor, où se trouve une lance de fer lui appartenant, à Khodjil, où il mourut « après une rude bataille » qui l'opposa à son neveu Sémou Mack Diouf, lequel assura sa succession à la tête du royaume (1877-1880).

« Un lieu de tourisme, facteur de développement »

Une margelle sera construite à Ndiongolor, dans la commune de Diouroup, pour préserver la lance du défunt roi, selon M. Diouf. « C'est un symbole que nous devons conserver. Personne n'a pu retirer cette lance de la terre dans laquelle elle est enfouie » depuis près d'un siècle et demi, a ajouté l'écrivain.

Il veut, avec ses amis, faire du futur mausolée et des ouvrages dédiés à Sann Moon Faye un site touristique. « Ce sera un lieu de tourisme. Qui connaît le tourisme sait que c'est un facteur de développement [...] Des infrastructures de cette nature peuvent donner une visibilité touristique à la zone. »

Le comité d'initiative que dirige Cheikh Diouf veut également s'atteler à la « valorisation » du champ de bataille de Djilass, très célèbre dans l'histoire du Sine. « C'est là que l'armée française, dirigée par Pinet-Laprade (Jean-Marie Émile Pinet-Laprade), a été battue, le 13 mai 1859, par le Buur Sine Coumba Ndoffène Famaak. »

M. Diouf et ses collaborateurs veulent faire de même pour d'autres rois du Sine, dont Wagane Coumba Sandiane Faye (1534-1634).

Le comité d'initiative porte également un projet patrimonial de taille : la construction du musée de l'Histoire du Sine. Une initiative soutenue par l'institution royale du Sine, selon M. Diouf.

Pour y arriver, a-t-il dit, le ministère de la Culture et du Patrimoine historique, ainsi que sa direction chargée du patrimoine culturel, sont sollicités.

Il est laissé le soin au ministère de s'occuper de la maquette du futur musée, de sa brochure, de son devis et son plan, selon Cheikh Diouf.

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