Congo-Kinshasa: Législatives 2023 - Lorsque les candidats députés placent leurs proches comme suppléants

À la clôture de l'opération de dépôt des candidatures pour l'élection des députés nationaux, le 23 juillet dernier, un triste constat crève les yeux. Plusieurs candidats ont choisi des proches comme suppléants.

Quoique décriée lors du scrutin de 2018, cette vile pratique continue à rythmer la vie politique du pays tout en posant un sérieux problème d'éthique, de morale et de justice. La suppléance, entendue comme mode de remplacement d'un député empêché d'exercer son mandat pour diverses causes (art. 116 de la loi électorale) est très mal interprétée dans son essence en RDC. La plupart des candidats députés préfèrent, en effet, aligner leurs membres de famille plutôt que ceux de leurs partis politiques afin de faire bénéficier leur cercle familial restreint des avantages pécuniaires accordés aux élus du peuple. Les députés Christophe Mboso, Colette Tshomba, Adolphe Muzito et Olive Mudekereza, (pour ne citer que ceux-ci), ont choqué la conscience collective lorsqu'on a découvert les liens familiaux étroits existant entre eux et leurs suppléants.

S'il ne s'agit pas du mari ou de la femme, c'est soit le fils ou la fille qui est aligné au grand dam des membres du parti souvent utilisés comme marche-pied. Le cas de Delly Sessanga est plus révélateur à ce sujet étant donné qu'il était de ceux qui ont suggéré l'interdiction de "porter comme suppléants des parents en ligne directe ou collatérale, ascendante ou descendante, jusqu'au deuxième degré inclus". Et curieusement, le leader de l'Envol sera un des premiers à bafouer cette disposition - toujours sujette à controverse au Parlement - en plaçant sa propre fille comme suppléante. La même logique de suppléance prévaut également dans les autres niveaux de scrutins auxquels les députés candidats ont souscrit tel que la provinciale. Une fois appelés à d'autres fonctions, ils sont automatiquement remplacés par leurs membres de famille.

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Pour tout dire, cette pratique ne permet pas de fédérer autour des idées politiques, ou mieux de consolider la légitimité des institutions ainsi que la représentativité sociale. De la sorte, les colistiers venant en ordre utile des voix n'auront que leurs yeux pour pleurer. Bien que non interdite par la loi, la suppléance familiale demeure une pratique qui frise le népotisme, car faisant passer les intérêts de la famille avant ceux du parti. Quand bien même ses partisans allèguent qu'ils se sentent plus en sécurité avec les leurs, il est clair que la pratique accentue le clientélisme en créant un système de privilèges familiaux. À tout prendre, il appartient aux électeurs de bien faire le choix en sanctionnant par leur vote, tous les candidats qui seraient trempés dans cette magouille électorale du type familial au nom de l'équité et de la justice sociale.

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