Johannesburg — L'ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio a plaidé, samedi, à Johannesburg, au 6e forum des médias des BRICS, pour la formation de grands blocs régionaux en Afrique, invitant la République populaire de Chine à encourager les Etats du continent à aller vers cette dynamique.
"Concernant notre opinion personnelle, sans faire de l'ingérence, la Chine devrait encourager ses partenaires africains à s'engager résolument dans la construction de grands blocs régionaux (...) je suis convaincu que l'émiettement de nos Etats et la balkanisation de nos peuples dans 54 Etats va plomber tous les efforts des Africains eux-mêmes et ceux de leurs plus grands partenaires et amis", a déclaré Cheikh Tidiane Gadio en introduisant une communication intitulée "L'Afrique face aux défis des partenariats innovants".
S'exprimant devant quelque 200 participants-dirigeants de médias, journalistes, experts, ministres, homme d'affaires, etc-, M. Gadio, ministre des Affaires étrangères du Sénégal de 2000 à 2009, a estimé que "54 Etats africains, c'est une compétition ruineuse et paralysante depuis les indépendances des années 60".
"Le résultat, selon le député à l'Assemblée nationale, est là : zéro pays africain émergent. Et pourtant en 1960, la Chine et beaucoup de pays asiatiques comme l'Afrique, affrontaient les souffrances infligées aux peuples du Tiers-Monde par le sous-développement : famines régulières, malnutrition, analphabétisme, absence d'infrastructures de base, de structures de santé, d'éducation, conflits internes, guerres, etc.".
Cheikh Tidiane Gadio a relevé que "tous les grands pays asiatiques ou toutes les nations millénaires ou pluri-séculaires asiatiques sont des World global players ou des nations sur la voie d'une émergence indéniable".
L'Afrique, quant à elle, déplore-t-il, "restée divisée, affaiblie, et livrée à des partenaires plus puissants, mieux organisés".
Autant "la Chine soutient l'Afrique aux Nations Unies et vice- versa, autant en puissance amie", Pékin "devrait encourager les États Africains à se regrouper et à bâtir des Unions politiques et économiques crédibles, viables et fortes", a-t-il estimé.
Selon lui, "c'est l'intérêt de la Chine de parler à une entité regroupant les 15 Etats de la CEDEAO: 400 millions d'habitants, 5 millions de km2, d'immenses ressources en pétro-gaz, café, cacoa, or, diamant, bauxite, fer et d'autres minerais dont l'Uranium (...)".
"En plus de toutes ces ressources abondantes, l'espace CEDEAO comme les autres régions de l'Afrique, détient la ressources la plus précieuse à nulle autre pareille : la ressource Jeunesse. Près de 300 millions de jeunes sur une population de 400 millions d'habitants", a dit l'ancien ministre, soulignant que ces observations étaient également valables pour la SADC (Communauté de développement des Etats de l'Afrique australe).
Selon Cheikh Tidiane Gadio, "une CEDEAO transformée en une fédération des Etats de l'Afrique de l'Ouest pourrait recevoir des méga-projets infrastructurels et autres dans le cadre des immenses chantiers des routes de la soie".
Il estime que "parler à cinq interlocuteurs africains représentant des fédérations régionales fortes serait plus bénéfique et plus efficace que de parler à 54 Etats qui sont presque tous encore en friche et qui ont des besoins similaires".