Aux Comores, le ministère de l'Intérieur en charge des élections est sous le feu des critiques. La cause ? La nomination de trois directeurs régionaux des élections, à raison d'un directeur par île. Ce poste, jusqu'ici inexistant, suscite en effet la controverse, certains juristes le jugeant illégal car le Code électoral prévoit seulement des « institutions électorales territorialement déconcentrées ».
Du côté des politiques, ces nominations, à quelques mois de l'élection présidentielle et des gouverneurs dont le premier tour aura lieu, en janvier prochain, sont perçues d'un mauvais oeil. Le ministère de l'Intérieur, lui, campe sur ses positions et assure avoir agi dans le respect du nouveau Code électoral.
Les critiques de ces nominations affirment que le nouveau Code électoral prévoit bien des compétences déconcentrées, mais non la création d'un poste de directeur régional. De son côté, le ministère de l'Intérieur dit entre autres se référer à un décret de 2014.
Docteur Yhoulam Athoumani, juriste et fondateur du mouvement politique, Les Nouveaux démocrates, rejette ce raisonnement : « Quand on lit en tout cas le nouveau code électoral, il dit clairement que toutes dispositions législatives ou réglementaires antérieures à la nouvelle loi électorale et qui est contraire à la nouvelle loi, est tout simplement abrogée. Et quand on regarde ce décret de 2014, il est purement illégal puisqu'il est contraire simplement aux nouvelles dispositions consacrées par le nouveau code électoral ».
L'opposition juge ces nominations illégales et pointe du doigt le timing choisi. « Il est assez étonnant que le ministère de l'Intérieur ait cru nécessaire de nommer des directeurs régionaux, à sept mois du scrutin, pour veiller au déroulement du scrutin. Il est parfaitement légitime que les observateurs politiques s'interrogent sur l'opportunité de créer ces différentes élections », indique Me Fahmi Saïd Ibrahim, avocat et ancien candidat à l'élection présidentielle de 2019.
Le ministère en charge des élections, sûr de sa décision, invite ceux qui le souhaitent à saisir le tribunal administratif. Une demande entendue par Latuf Abdou, ancien député et ex-membre de la Commission électorale nationale indépendante, qui assure vouloir saisir la Cour suprême pour annuler ces nominations.