Ile Maurice: Longanistes - Une 'tradition' à la croisée des chemins

Cela s'est passé durant la semaine écoulée. Une jeune femme de 18 ans a déposé une plainte auprès de la police, affirmant que sa belle-mère ainsi que son époux, âgé de 20 ans, l'ont utilisée pour pratiquer la sorcellerie et qu'après avoir accompli plusieurs rituels, ils ont voulu se débarrasser d'elle.

La femme aurait également été forcée d'ingérer de l'urine de vache. Bien que la sorcellerie soit un délit selon la loi et même si elles ne sont plus aussi fréquentes qu'avant, les pratiques demeurent courantes, même en 2023...

Dans un petit village situé dans l'est du pays, certains habitants nous racontent l'histoire d'un religieux qui était au service de la communauté pendant longtemps et rassemblait les jeunes de la localité pour leur inculquer des enseignements. Au fil du temps, ce groupe de jeunes aurait pris ses distances et adopté un comportement antisocial à l'égard des autres habitants de la localité. «Beaucoup ont commencé à se sentir déstabilisés et se sont même mis à faire des bêtises ; certains ont abandonné leur scolarité. Au début, nous pensions qu'il s'agissait d'une sorte de crise d'adolescence.» Cependant, une nuit, l'un des jeunes a été en proie à des crises bizarres et serait tombé dans un terrain vague près d'une rivière dans la région.

%

Les médicaments et les traitements étaient inefficaces, selon les récits de certains habitants. «Il a cherché de l'aide auprès d'une personne connue pour guérir les gens et à travers des prières, il a été guéri. Par la suite, nous avons découvert que le soi-disant religieux pratiquait de la sorcellerie. Il rendait les gens malades à leur insu et gagnait leur confiance pour leur faire croire qu'il pouvait les guérir.

Les gens lui donnaient même de l'argent pour 'chasser les mauvais esprits'...» Nos interlocuteurs citent également le cas de ce jeune homme qui a quitté son domicile avec son épouse pour s'installer ailleurs, car cette dernière n'avait de cesse de tomber malade. «Li ti pe gagn bann zafer drol. Li ti pé dir so belmer ki pé fer travay lorli...» Les «activités paranormales» ont semblet-il cessé lorsque le couple a déménagé.

Par ailleurs, les traditionnels 'cocolimon-sandal-camphres' sont souvent aperçus au détour d'une croisée. Pourquoi choisir une intersection ? «Les énergies négatives et les mauvais esprits qui sont emprisonnés sur Terre errent sans aucun sens de direction. En plaçant des limons par exemple au carrefour, les esprits négatifs sont attirés et bloqués à cet endroit, sans pouvoir aller plus loin.

Dans plusieurs cas, nous avons constaté que les personnes qui passent par des carrefours la nuit tombent malades le lendemain et les causes sont médicalement inexplicables. Cela est dû au fait que ces esprits négatifs suivent la personne. C'est pourquoi il est généralement suggéré aux gens de ne jamais se tourner ou regarder à l'arrière lorsqu'ils traversent un carrefour», conseille un 'expert' en la matière.

Autre mesure de protection recommandée par beaucoup, notamment pour les femmes, serait d'attacher ou de couvrir complètement les cheveux, afin d'éviter d'attirer des entités négatives.

Que dit la loi ?

Conformément à l'article 26 - 1 (c) de la Criminal Code (Supplementary) Act, toute personne qui se livre à la pratique de la sorcellerie, qui utilise un «subtle craft» et un «device» pour duper autrui, est considérée comme «an idle and disorderly person». En d'autres termes, une personne désoeuvrée qui perturbe l'ordre public. Cette personne peut encourir une amende ne dépassant pas Rs 50 000 et une peine d'emprisonnement d'un an.

En cas de récidive dans les 12 mois suivant la condamnation, la peine est renouvelée. Nous avons sollicité le Police Press Office pour obtenir plus de détails sur le nombre de plaintes reçues cette année concernant des pratiques de sorcellerie. Une réponse est attendue.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.