Au Niger, presque un mois après le coup d'État, une délégation de la Cédéao était présente, samedi 19 août, à Niamey, dans l'espoir d'une solution diplomatique avec la junte. Mais dimanche soir, le leader du CNSP s'est exprimé à la télévision nationale. Le général Abdourahamane Tiani a fermé la porte à tout retour en arrière.
Pour le moment, pas de réaction officielle de la Cédéao dont la délégation doit quitter Niamey, ce dimanche 20 août, mais officieusement, on sait que les propos du général Tiani ont fortement déplu. Le chef de la junte, dans une allocution télévision, a présenté sa feuille de route : une transition de trois ans maximum et un dialogue national inclusif. Il a également affirmé que son pays se défendrait en cas d'intervention militaire.
« Incompréhensible », « discours inapproprié » ou encore « un défi lancé à la Cédéao »... Dans des couloirs de palais présidentiel de la sous-région, l'intervention télévisée du général Abdourahamane Tiani n'a pas été applaudie.
Un proche collaborateur de Bola Tinubu, président du Nigeria et président en exercice de la Cédéao, balaie du revers de la main le discours du chef de la junte avant de préciser : « Qu'il attende l'arrivée de notre délégation à Niamey pour faire cette sortie, est, pour nous, une indication claire ». Notre interlocuteur, membre de l'équipe chargée des questions de la Cédéao à la présidence nigériane, ajoute : « Ce discours ne nécessitera même pas des entretiens entre chefs d'État de la sous-région ». Pour autant, le dialogue avec Niamey est-il terminé ? « Nous n'avons pas dit cela, mais nous, nous avançons, nous avons un objectif », précise la même source.
Le discours du chef de la junte nigérienne fait également réagir dans les rangs des états-majors des armées. Un haut gradé s'interroge : « Quels sont les véritables rapports de force à l'intérieur même de l'armée nigérienne ? Toute la hiérarchie partage-t-elle ce discours ? »