Cote d'Ivoire: Un mur à Port-Bouët pour renforcer la sécurité routière, les riverains partagés

À Abidjan, le gouvernement ivoirien a entrepris la construction d'une contre-allée pour favoriser le passage des transports en commun. En parallèle, il poursuit celle d'un mur de près de 10 km le long de l'autoroute de Bassam au niveau de la commune de Port-Bouët afin de fluidifier la circulation et bloquer le passage des piétons tentés de traverser la voie express.

Après la construction de ce mur, les habitants de Port-Bouët sont partagés entre le sentiment d'enfermement derrière ce mur et la nécessité de réduire le nombre d'accidents de la route.

Parmi les habitants qui résident ou travaillent derrière ce long mur gris, certains s'offusquent de la construction de cet ouvrage : « Nous ne sommes pas en prison, même à la Maca [Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan, NDLR], même le mur de Berlin c'est pas comme ça. Qu'ils respectent au moins les citoyens qui vivent ici. »

Cette commerçante a vu ses chiffres d'affaires diminuer : « si les gens ne nous voient pas, ils ne viennent pas. » Mbacon Soumaïjaja a le sentiment que les autorités veulent éviter que Port-Bouët et ses habitats précaires ne soient vus depuis l'autoroute : « C'est comme s'ils voulaient nous cacher, pour qu'ils ne voient pas comme nos maisons sont vilain-vilain là. »

Pour sortir du quartier, les habitants devront emprunter des ponts piétons, chacun situés à plusieurs kilomètres de distance. Une vendeuse de maïs grillé craint que l'évacuation des malades ne devienne problématique. « Maintenant, il faut aller au bout du monde. Ça va poser des problèmes par exemple en cas d'incendie : comment on peut venir nous aider ? »

Protéger les habitants et fluidifier le trafic

Mais d'autres habitants de la commune soutiennent le projet. La voie express de Bassam est l'une des plus accidentogènes du pays. Chaque week-end, des piétons meurent où sont gravement blessés après avoir été percuté par une voiture. Le mur a pour objectif de protéger les habitants, pensent d'autres.

Les nouveaux aménagements permettront aussi de fluidifier le trafic et d'éviter des heures de bouchons qui empoisonnent la vie des habitants, pensent ces travailleurs qui se rendent chaque jour au centre d'Abidjan. « On peut rester 20 à 30 minutes à chaque carrefour. Avec le mur, la population va rester derrière et la circulation se fera tranquillement. »

L'itinéraire Abidjan-Bassam est une section du projet de la route côtière transafricaine Dakar-Abidjan-Lagos.

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