Unis dans le deuil lors de la disparition de l'ancien président le 28 mars 2021, Annick, Sophie et Roland Ratsiraka sont aujourd'hui divisés face à l'échéance électorale du 09 novembre 2023.
Duel fratricide
L'Amiral doit se retourner dans sa tombe ou pas du tout. C'est ambivalent dans la mesure où le duel fratricide entre Roland Ratsiraka et Annick Ratsiraka aurait pu à la fois le choquer et lui convenir. En 2013, Deba s'était abstenu d'apporter son soutien au fils de son frère aîné. Il devait même ouvrir la fracture politique au sein de la famille Ratsiraka en s'alignant contre son neveu à l'élection présidentielle du 07 novembre 2018.
Ganagana mody
Sur les 4.980.604 suffrages exprimés pour 5.367.550 votants, Didier Ratsiraka en avait juste recueilli 22.222. « Ganagana mody » de la part des électeurs qui devaient le renvoyer dans sa retraite à Faravohitra, lieu choisi par Annick Ratsiraka pour annoncer samedi, sa candidature à la présidentielle du 09 novembre 2023. Se confrontant à son tour à Roland Ratsiraka qui a jeté son dévolu sur Fénérive-Est pour faire sa déclaration de candidature le 11 août 2023. En évitant visiblement la date du 10 août qui reste dans l'histoire du pays, quand bien même la classe d'âge médiane des électeurs se souviendrait peu ou prou aujourd'hui du 32ème anniversaire du carnage d'Iavoloha.
Chacun son parti
Interrogée sur la rivalité électorale entre sa personne et son cousin germain, Annick Ratsiraka de reconnaître que la famille ne partage pas la même ligne politique. « Nous sommes entre adultes. Chacun son parti », répond-elle. Avant d'expliquer que sa candidature a été sollicitée par les militants Arema. C'est d'ailleurs au nom de l'Avant-garde pour la Révolution Malgache rebaptisé par la suite Avant-garde pour la Rénovation de Madagascar qu'elle se présente, à défaut d'avoir le parrainage d'élus puisque l'Arema n'a aucun édile.
No comment
Pour sa part, Roland Ratsiraka dispose à la fois du « Malagasy Tonga Saina » (MTS) et d'élus. Il est lui-même ancien maire et actuel député de Toamasina I. Le neveu de l'Amiral a un fort ancrage dans le Grand Port de l'Est où bon nombre d'observateurs se demandent si l'entrée en lice de sa cousine germaine va disperser les voix de l'électorat local. « No comment », rétorque le cousin qui est actuellement à l'extérieur. A peine s'il ajoute que Annick Ratsiraka ne l'a pas informé au préalable de sa candidature. « Elle l'a laissée entendre mais pas de manière expresse », lâche-t-il. A son corps défendant de s'en offusquer outre-mesure ni d'en faire un scandale dans la famille. Au sens de famille qui constitue un ensemble uni par un lien de parenté ou d'alliance.
RPR
Reste à savoir si une alliance politique serait également possible au sein de la famille Ratsiraka dont l'autre fille de l'Amiral, Sophie de son prénom et ministre de son état et de l'Etat pourrait soutenir le président candidat avec le « Rassemblement des Pro-Ratsiraka » ou RPR. Un sigle qui est le copier-coller du Rassemblement Pour la République qui était un parti politique français ayant existé de 1976 à 2002. Presque durant la même période de règne de Deba qui prévoyait ou ne prévoyait pas (c'est selon) que la famille Ratsiraka serait aussi divisée politiquement. S'il était encore de ce monde, l'Amiral serait-il parvenu à commander ces trois Divisions ? Sans compter l'ancien maire de Toamasina et ex-ministre, Elysée Ratsiraka dont la position aurait brouillé davantage les cartes de Deba qui n'était pas toujours bon perdant à la belote. « Any ka tsy izany va ? » Les militants Arema qui répondaient à l'époque : « Marina an'izany », sont aujourd'hui déboussolés face au bateau de l'Amiral qui tangue à bâbord et à tribord, au milieu d'une forte houle électorale.