Dans cette rubrique hebdomadaire, nous revenons sur des disparitions, des faits divers ou des crimes qui ont été perpétrés il y a plusieurs semaines, mois, années... Des drames qui ont marqué les esprits et qui ont bouleversé des vies à tout jamais...
Ce crime d'une violence inouïe s'est produit le 30 août 2014 à Rodrigues. La mort de cette jeune femme avait à l'époque choqué tout l'île et n'avait pas non plus laissé indifférents les Mauriciens. Le jour fatidique, Anne-Marie Casimir, 23 ans au moment des faits, a été poignardée au dos par son ex-concubin Jean Alex Ravina, 39 ans. Puis, ce dernier lui avait fracassé le crâne à l'aide d'une pierre. Une fois son forfait commis, il avait abandonné la mère de son fils de huit ans sur un terrain en friche à un endroit ironiquement appelé Dans Bébé, à quelques mètres seulement de la route principale menant à Baladirou...
Comment un tel drame a-t-il pu se produire ? Selon les témoignages des proches, Anne-Marie Casimir avait rencontré son bourreau alors qu'elle n'avait que 15 ans. Très vite, les deux amoureux avaient entamé une histoire passionnelle et la jeune Rodriguaise avait quitté le toit de ses parents pour se mettre en couple avec Jean Alex Ravina. À 16 ans, elle a donné naissance à son fils unique et n'avait jamais raconté ses problèmes de couple à son entourage.
Vivant dans des conditions financièrement difficiles, la victime avait décidé de travailler pour pouvoir joindre les deux bouts. Elle avait commencé à planter des légumes à proximité de son domicile et les vendait. Jean Alex, qui était lui-même laboureur, ne gagnait pas suffisamment d'argent pour subvenir aux besoins de la famille. Mais après avoir subi de nombreuses violences conjugales, elle avait décidé de le quitter pour de bon.
Anne-Marie Casimir redoublait alors d'efforts pour faire bouillir la marmite et élever son fils dans des conditions décentes, en travaillant également comme jardinière chez des particuliers. Elle mettait aussi de l'argent de côté pour payer les derniers travaux de sa nouvelle maison. Elle avait obtenu de son père un petit lopin de terre et elle y avait construit son petit nid. Au moment du drame, la jeune femme venait d'ajouter quelques feuilles de tôle aux structures en bois qu'elle avait réussi avec beaucoup d'efforts à ériger.
Le jour du meurtre, Jean Alex Ravina fêtait son anniversaire et ne digérait pas le fait que celle qu'il aimait n'était pas à ses côtés. Il était parti espionner la victime. Et selon ses dires, il l'avait vue en compagnie d'un autre homme. Il était aux alentours de 22 heures lorsqu'une dispute a éclaté entre les deux ex-concubins ; les choses ont dégénéré. Anne-Marie Casimir a tenté de s'échapper, mais son meurtrier l'a immobilisée... «J'ai couru après elle et je l'ai rattrapée. Je lui ai asséné un coup de couteau dans le dos ; elle est tombée par terre. J'ai ensuite saisi une pierre avec laquelle je l'ai frappée à la tête. La pierre ensanglantée glissait entre mes mains. Je l'ai jetée et j'en ai pris une autre avec laquelle je l'ai frappée encore», avait raconté avec sang-froid Jean Alex Ravina aux enquêteurs.
Ce n'est que le lendemain que le corps sans vie d'Anne-Marie Casimir a été retrouvé dans le terrain boisé. La mort de la victime avait été attribuée à une fracture du crâne et à de multiples lacérations au cerveau, selon l'autopsie pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin. Une perte insurmontable pour ses proches, qui avaient souligné que le fils d'Anne-Marie s'était retrouvé du jour au lendemain sans parents, avec une mère assassinée et un père en prison.
«J'ai couru après elle et je l'ai rattrapée. Je lui ai asséné un coup de couteau dans le dos ; elle est tombée par terre. J'ai ensuite saisi une pierre avec laquelle je l'ai frappée à la tête. La pierre ensanglantée glissait entre mes mains. Je l'ai jetée et j'en ai pris une autre avec laquelle je l'ai frappée encore», avait raconté avec sang-froid Jean Alex Ravina aux enquêteurs
Jean Alex Ravina avait été arrêté par les enquêteurs le jour de la découverte du corps de son ex-concubine et a été poursuivi pour meurtre. Il avait également participé à une reconstitution des faits avec une forte mobilisation de la police le 2 septembre. Devant la cour d'Assises, Jean Alex Ravina avait plaidé coupable et avait écopé de 28 ans de prison en mai 2018, selon le jugement prononcé par le juge Benjamin Marie Joseph.