Ile Maurice: Détruites, les «baz» repoussent

Le nom de Karo Kalyptis a souvent été associé à des activités liées à la drogue ; qui se font au vu et au su de tous. En ce lieu difficilement accessible - même pour la police -, barricadé presque du monde extérieur, se déroulent toutes sortes de transactions que ne cessent de dénoncer des travailleurs sociaux depuis des années. Rien que cette semaine, les opérations de police se sont succédé mais c'est business as usual, une fois le calme revenu...

«Pa zordi zour ki trafic laba.» C'est la phrase que répètent des sources policières à chaque fois qu'on parle de Karo Kalyptis. Cet endroit se trouvant à proximité de la route Cocoterie à Roche-Bois a été pendant des années un lieu incontournable pour la vente de stupéfiants, via des fameuses baz. Les noms des trafiquants, l'unité antidrogue les voit souvent défiler... Mais policiers et autorités semblent dépassés.

Postés à des endroits stratégiques, les «zoké» sont aux aguets. A plusieurs coins de rue, ils scrutent le moindre mouvement. Il suffit de sortir son téléphone pour passer un coup de fil ou envoyer un message pour que des individus vous encerclent et vous demandent de le remettre dans votre sac ou votre poche.

Chaque jour, font valoir nos sources, le même scénario se reproduit et cela à toute heure de la journée ; des personnes se regroupent pour acheter leur dose quotidienne. «Mais c'est surtout le matin qu'il y a une longue file d'attente pour l'achat de drogue. Ou kapav krwar pé vann dalpuri so-so ek sa kantité dimounn-la», nous expliquent à leur tour des habitués des lieux. Une fois la nuit tombée, Karo Kalyptis s'agite de nouveau. C'est là qu'on aperçoit plusieurs berlines. Et à Karo Kalyptis on trouve de tout, pour tous les goûts : cannabis, synthé, poudres blanches....

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«La police est impuissante», nous dit-on. Mais elle a le mérite d'essayer. Cette semaine, à au moins deux reprises - soit lundi et mercredi - des officiers ont procédé à des opérations crackdown et ont démoli plusieurs structures qui étaient soupçonnées d'être des points de vente. Mais selon des habitués, pas plus de cinq minutes après, les affaires ont repris comme à l'accoutumée et les baz renaissaient de leurs cendres plus rapidement que le Phénix. «Les opérations n'ont rien changé. C'est de la poudre aux yeux. Les trafiquants n'ont peur de rien.»

De plus la machinerie est bien rodée. A l'approche des forces de l'ordre, l'alerte est donnée, on planque la marchandise, «d'où le fait que les policiers arrivent rarement à mettre la main sur la drogue destinée au marché». Puis, les zoké sont employés par des barons de drogue qui font la loi ; ils circulent souvent en groupes. «Ils peuvent même se montrer violents, même envers les policiers. C'est pour cela aussi que les opérations sont musclées et requièrent de nombreuses unités de police.»

A vendredi après-midi, selon des sources policières bien renseignées, le trafic avait repris ses droits. «Vous vous attendiez à quoi ? Un miracle ? Les descentes de la police n'ont rien changé et les trafiquants n'ont nullement été inquiétés, pour la plupart. Il y en a même quelques-uns qui sont des sources de l'Anti-Drug & Smuggling Unit. Donc ils sont intouchables...» Pour pouvoir démanteler un tel réseau, il faut remonter à la source, soit s'attaquer à ceux qui financent ces trafics. «Mais, ça, on, sait où ça mène...»

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