Plus d'une semaine après la montée des vagues qui a impacté terriblement les réceptifs hôteliers et de restauration en bordure de mer à Grand Bassam, M. Ouattara Alassane, le président des hôteliers et restaurateurs de la ville classée patrimoine mondial de l'Unesco s'ouvre à allafrica.com.
La mer est fâchée et cela fait des dégâts sur les plages dans la zone de Grand- Bassam. Qu'en est-il exactement ?
Je suis M. Ouattara Alassane, président des hôteliers et restaurateurs de Grand Bassam. Particulièrement, je suis le propriétaire du réceptif hôtelier Warf hôtel situé en bordure de mer. Depuis plus d'une semaine, nous faisons face à un phénomène indescriptible. La Sodexam nous parle de trois mètres de hauteur de vagues et cela a causé de gros dégâts au niveau de nos installations. La mer nous a fait perdre une bonne partie de nos bordures de mer. Tous les hôteliers et situés en bordure de mer, depuis Mondoukou jusqu'à Azuretti sont sinistrés.
Vous, concrètement au niveau du Warf Hôtel, quelle est l'ampleur de la catastrophe ?
La bordure maritime est complètement atteinte. Ce qui fait que le travail a beaucoup diminué. Vu sur cet angle, nous avons ici près de 40 employés dont une vingtaine au service restauration. Chez moi, j'ai perdu 20 mètres de plage qui sont partis avec tout le matériel qui s'y trouvaient. Citons : les paillotes, les maisons et autres. Le personnel se voit menacé. Également, a des réceptifs qui ont tout perdu. Du coup, il n'y a pas de travail et ils seront obligés de fermer. Sur le plan financier, c'est une grosse perte.
Dites-nous c'est un phénomène nouveau ou cyclique ?
Moi je suis ici à Grand Bassam depuis 2009. Ce n'était jamais arrivé. Nous n'avions jamais vu une catastrophe d'une telle ampleur.
Votre collaborateur nous a dit que les vestiges du Warf que se trouvaient sur la plage ont été engloutis et emportés par la mer ?
Tout à fait ! Les vestiges qui soutenaient le Warf en son temps sont partis. Mais les fers sont réapparus. A mon niveau on peut évaluer les pertes à plus de 15 millions de F Cfa. En termes de pertes sèches, les clients vont plus arrivés. Dans l'ensemble, étant donné que je suis le président des hôteliers et restaurateurs de Grand-Bassam, l'impact de ce raz-de-marée pourrait être évalué à deux milliards de F Cfa. Nous avons quasiment plus d'une quinzaine d'hôtels qui est touchée et tout a été perdu. Sans oublier les restaurants en bordures de mer sont partis. Le nombre d'emplois menacé pourrait être évalués à plus de 500. C'est une catastrophe naturelle. Même si nous avions vu les choses venir, qu'est-ce que nous pouvions faire ? Nous sommes obligés d'accepter la situation telle qu'elle est. Nous sommes en plein changements climatiques, peut-être que c'est pour cela que le problème se pose avec plus d'ampleur. L'érosion côtière a commencé depuis bien longtemps et le gouvernement était en train de s'atteler à construire une digue.
Concrètement, aujourd'hui, qu'est-ce que vous attendez de l'Etat ?
Nous demandons au gouvernement ivoirien de se pencher sur notre situation. Nous sommes sinistrés. Nous savons que ce n'était pas prévu quelque part, dans un budget. Mais vu ce qui se passe depuis quelques années à travers le monde avec le phénomène des changements climatiques, nous savons qu'il y a des fonds. Que le gouvernement nous oriente à aller vers ces fonds, surtout que Grand Bassam est classé patrimoine mondial de l'Unesco. Sur cette base que le gouvernement essaie de déclarer qu'il y a eu une catastrophe naturelle à Grand Bassam. Il faut arriver à remettre le système en marche, faire face aux charges de factures d'électricités et d'eau. Sans oublier les impôts et droits que nous payons. Un peu de moyen pour nous permettre de repartir, ça serait pas mal. Le ministère du Tourisme et des Loisirs a envoyé une équipe d'inspection qui a fait son constat mais n'a pas fait d'évaluation. A notre niveau, nous avons pris des huissiers pour faire des constats d'usages et évidement monter un dossier que nous allons présenter au gouvernement. Pour voir dans quelle mesure, il peut nous aider. Pour l'instant, nous ne sommes pas au stade de mise en chômage technique, mais nous sommes en train d'y penser.
En attendant, comme la bordure de mer est détruite, faudrait-il pas envisager d'autres produits innovants ?
Ces produits ce sont les chambres pour ceux qui n'en ont et ceux qui n'en ont plus ? Pour les restaurants et la bordure maritime, nous payons les droits. L'Etat doit pouvoir se pencher sur une suspension du prélèvement de ces taxes et des impôts que nous payons. Bref, l'aide que nous demandons à l'Etat, c'est un peu tout ça. Car pour ce mois, nous ne pourrons pas payer toutes ces charges et les salaires…