L'ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Corneille Nangaa Yobeluo, a quitté normalement la RDC pour s'exiler au Ghana. Il s'est dit menacé par le régime de Félix Tshisekedi avant de s'estimer se placer dans le viseur du pouvoir après avoir évoqué la présence des FDLR à Kinshasa et Lubumbashi. Un prétexte en vue de mieux se revêtir de cette fameuse casaque d'opposant. Mais, il était sans ignorer que pour de faits aussi gravissimes, la justice aurait besoin qu'il prouve ses allégations.
Pour ces affirmations gratuites, l'ancien patron de la Céni s'est senti en danger d'être rattrapé par la justice. Un exilé unique en son genre qui aura émerveillé la classe politique. Ce sera une grande première qu'un opposant devient de cette façon exilé politique.
Il avait dirigé la Céni lors de l'élection présidentielle de fin 2018 à l'issue de laquelle Tshisekedi a été déclaré vainqueur. Il avait affiché sa volonté de se présenter à la prochaine présidentielle prévue le 20 décembre en créant son propre parti politique, Action pour la dignité du Congo et de son peuple (ADCP) ralliant, de ce fait, le camp de l'opposition.
Déjà Martin Fayulu et la plateforme Lamuka avaient promis de le traduire en justice pour avoir été le principal auteur du hold-up électoral de 2018. Depuis lors, c'est la gambade. Il va commencer l'implantation de son parti à travers la République alors qu'il existait sur le terrain les partis d'opposition solidement implantés.
Entretemps, le quatuor de Lubumbashi va se mettre en place. Quatre candidats à la magistrature suprême pour s'allier contre Tshisekedi. Il va saisir la balle au bond. De Kisangani où il se trouvait, le leader de l'ADCP va forcer un atterrissage dans le chef-lieu du Haut Katanga. Personne ne va lui ouvrir les portes. Il sera mis en quarantaine jusqu'à la fin des travaux. Il se rendra finalement compte que personne ne veut de lui dans l'opposition. Tout le monde se méfiait de ce dernier-né de l'opposition avant de s'interroger s'il venait comme la cinquième colonne envoyée pour connaitre la stratégie de l'opposition.
Entretemps, la coalition conduite par le Nouvel Elan de Muzito n'en veut pas non plus. Même le FCC proche de Joseph Kabila ne veut pas en entendre parler. Plutôt que de renoncer, Nangaa préfère se soustraire de la scène politique dans l'intention de laisser effacer les traces de sa triste présidence de la centrale en 2018.
Réfugié au Ghana, il a affirmé qu'il envisagerait un retour seulement lorsque la situation politique s'améliorerait. Un exil doré qui équivaudrait à une fuite en avant. En tant que exilé, il est astreint au devoir du silence. Va-t-il s'y conformer au risque d'un effacement politique en RDC ?