Selon le Premier ministre du gouvernement de la transition malienne, la position du Mali consistant à considérer de facto toute intervention militaire de la Cedeao au Niger, comme une attaque contre le Mali reste inchangée. Invité du jour de l'émission Objection de la radio Sudfm hier, dimanche 20 août, Choguel Kokalla Maïga soulignant que « la paix au Niger intéresse au plus haut degré » les autorités maliennes, a précisé que les Maliens sont un « peuple guerrier » et n'accepteront aucun « comportement corporatif » de pays extérieurs voire occidentaux pour couvrir un «président incompétent ».
Bamako maintient sa position sur la question Nigérienne. Après la sortie du Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de la Cedeao, Abdel-Fatau Musah, qui a annoncé le samedi 19 août, en marge de la réunion des chefs d'état-major des armées ouest-africaines à Accra, que « la force de la Cedeao est « prête à intervenir » au Niger dès que l'ordre sera donné, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga est monté au créneau pour réaffirmer la position de départ du gouvernement de la transition. Une position consistant à considérer de facto toute « attaque armée contre le Niger, contre le peuple nigérien » comme une attaque contre le Mali et « une tentative de dislocation de la Cedeao ». Invité du jour de l'émission Objection de la radio SudFm hier, dimanche 20 août, Choguel Kokalla Maïga a affirmé que la « paix au Niger intéresse au plus haut degré » les autorités et le peuple malien. Toutefois, poursuivant son propos, le Premier ministre du gouvernement de la transition a tenu à faire remarquer que les Maliens sont un « peuple guerrier » et n'accepteront aucun « comportement corporatif » de pays extérieurs voire occidentaux pour couvrir un « président incompétent ». « Ce que nous ne voulons pas, c'est ce comportement un peu corporatif où quelqu'un n'arrive pas à diriger son pays, où il se moque de sa population, qu'on prétend l'avoir élu et que maintenant, il compte sur l'extérieur, j'allais dire même sur les Occidentaux pour le couvrir et lui permettre de faire n'importe quoi. Nous voulons qu'à l'avenir, on laisse les Africains décider. Quand un président est incompétent pour diriger son pays, ce sont les citoyens qui tirent les conclusions. », a martelé Choguel Kokalla Maïga non sans inviter les responsables de la Cedeao à la « sagesse » et à la « retenue » pour ne pas tomber dans les pièges de ceux qui veulent détruire cette organisation qui est une communauté économique » et non « une communauté politique ». Et de persister : « Si la Cedeao fait la guerre au Niger, il n'y a plus de Cedeao ». Et s'empresse-t-il d'ajouter : « c'est cela l'objectif de certains pays dès le départ, casser la Cedeao. Ils ne veulent pas que les pays africains s'unissent. Il n'y a aucune raison pour que les Africains aillent faire la guerre pour réinstaller un président. Il va gouverner qui ? ».
Par ailleurs, le chef du gouvernement de la transition malienne a justifié ce soutien de son pays à la junte nigérienne par « l'adhésion » de toute l'armée de ce pays à la garde présidentielle qui a réalisé ce coup de force et le soutien du peuple qui est derrière ses autorités. « Vous avez l'armée, vous avez le peuple qui est derrière les autorités. Bon au Mali, nous considérons qu'il faut faire avec ces autorités auxquelles nous avons d'ailleurs apporter notre soutien ferme et ouvert ». Il faut dire que ce coup d'état perpétré le 26 juillet contre le président Mohamed Bazoum par le détachement de la garde présidentielle qui a par la suite obtenu le soutien de toute l'armée nigérienne a créé une profonde crise au sein de la Cedeao. En effet, trois blocs s'opposent au sein de la conférence des chefs d'États et de gouvernement, organe décisionnel de la Cedeao. D'un côté, nous avons des pays dont les chefs d'états sont les partisans d'une intervention militaire des forces de la Cedeao pour « rétablir dans ses fonctions » le président déchu. Ce bloc est composé de la Cote d'Ivoire, du Sénégal, de la Guinée Bissau, de la Gambie, du Ghana, du Benin. de la Sierra Léone, du Nigéria dont le chef de l'Etat, Bola Tinubu, en sa qualité de président de la conférence des chefs d'Etat de la Cedeao est le premier défenseur de cette option militaire. Toutefois, il est dans une position un peu particulière du fait de l'opposition pour le moment du Sénat Nigérian à cette option militaire. De l'autre, nous avons des pays qui sont non seulement contre cette option militaire pour le rétablissement des institutions démocratiques au Niger mais disent qu'ils considéreront toute action militaire de la Cedeao au Niger comme une déclaration de guerre. Il s'agit du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée. Entre les deux blocs, nous avons le Cap vert, le Libéria et le Togo qui semblent privilégier l'option diplomatique.