Afrique de l'Ouest: A Bakassi, les habitants les plus nombreux sont des nigérians

Bakassi est l'extension de la péninsule de Calabar dans l'Océan Atlantique. Précédemment administré par le Nigéria, un verdict de la Cour internationale de Justice de La Haye, rendu le 10 octobre 2002, avait attribué la souveraineté du territoire au Cameroun avec pour conséquence le retrait de l'armée nigériane.

Le 12 juin 2006, le Nigeria a accepté de rendre au Cameroun la presqu'ile de Bakassi et le retrait des forces nigérianes s'est déroulé le 14 août 2006.

Le 16 juin dernier, trois soldats camerounais, sont tombés sur le champ d'honneur à Idabato. Des " mercenaires nigérians déguisés en pirates de mer, auraient attaqué par surprise les positions de l'armée camerounaise. Ils voulaient certainement s'emparer des armes lourdes dont dispose le détachement camerounais stationné dans la presqu'île de Bakassi".L'attaque perpétrée contre les forces de défense du Cameroun en détachement à Bakassi a fait également quelques blessés graves.

L'on sait depuis qu'au mois de juin de l'année 2006, le Nigeria avait transféré la gestion des affaires courantes d'une bonne partie de la péninsule de Bakassi au Cameroun conformément à la décision de la Cour internationale de justice (CIJ). Toutefois, les forces de police nigérianes ont continué de contrôler les secteurs sud et ouest de l'enclave jusqu'en juin 2008.

Selon les dernières statistiques du ministère camerounais des relations extérieures publiées , sur le plan humain, le département du Ndian auquel appartient la zone est peuplé de 74724 habitants. Cette population est répartie dans les 7 arrondissements que compte ce département. Il faut également noter que cette population est instable du fait de leurs activités de pêches et est essentiellement constituée des Nigérians.

La péninsule de Bakassi couvre une superficie totale de 665 km2 et s'étend sur 3 des 7 arrondissements du Ndian, Isangele, Kombo Abedimo et Idabato. Elle est peuplée d'environ 8 563 habitants ainsi répartis :Isangele (5000 habitants) ; Idabato (3 250) habitants) ; Kombo Abedimo (796 habitants). Cette population est répartie dans une trentaine de petits villages disséminés le long des principales voies d'eau : Rio del Rey, Akpa Yafe, Akpa Bana, Bakassi Creek, etc.

La fin progressive de l'administration nigériane a plongé la zone dans une impasse administrative. La plupart des habitants vivent dans des conditions d'hygiène et de promiscuité déplorables, sans aucun service de base.

Dans la presqu'île de Bakassi les populations sont mixtes et partagées entre le Nigeria et le Cameroun. A Isanguelé les pêcheurs en majorité Nigérians vendent leurs produits halieutiques soit en naira (Monnaie nigériane) soit en francs CFA (Monnaie du Cameroun)

Manquement criard

Toujours sur le plan local les dispensaires fonctionnent au rabais, les pharmacies sont ravitaillées par les commerçants nigérians. Pour s'éclairer à Kombo Abedimo (comme partout ailleurs dans la presqu'île de Bakassi), les habitants utilisent des groupes électrogènes dont l'entretien est onéreux. En ce moment, seul celui d'un Nigérian est encore fonctionnel et n'alimente que sa seule cabane. Celui du chef qui permettait d'alimenter son bar est en panne, et le commerce est fermé.

A Isangele, quelques maisons possèdent des installations solaires photovoltaîques achetées au Nigéria pour leur alimentation

Les populations utilisent les lampes à pétrole pour la plus part dans la presqu'île. Une situation qui n'épargne pas le centre administratif de la sous-préfecture. Le groupe électrogène qui éclairait le centre administratif est aussi en panne.

Pis encore, les populations de la presqu'île de Bakassi souffrent considérablement du problème d'accès à l'eau potable. Elles sont obligées de se ravitailler en eau de pluie ou des marécages. Pour le bain et la lessive, ils utilisent l'eau sale, salée et souvent boueuse de la mer.

Les quelques bornes fontaines disponibles sont toutes en panne et ne sont devenues que de lointains souvenirs. Même la pompe manuelle du principal forage d'Atonbong West est en panne. Les enfants tirent l'eau polluée en l'aspirant à travers des tuyaux en caoutchouc.

Pour Emagna Cletus, vendeur de poisson frais à Kombo Abedimo nous n'avons plus d'enseignants et les écoles sont laissées à l'abandon », a déploré ce dernier. A Atonbong on aperçoit des maisons construites en matériaux locaux en bordure de la plage d'où on peut apercevoir les puits de pétrole offshore exploités par le Nigeria.

Dans toutes les îles, les populations vivent essentiellement de la pêche. Une activité tenue par la communauté nigériane. En revanche, les Camerounais sont des revendeurs, souvent propriétaires des pirogues qu'ils sous-louent aux Nigérians contre la garantie de l'achat de toute la cargaison de la pêche. Une relation qui ne va pas sans entraîner les conflits. Puisque les Camerounais se plaignent régulièrement des comportements de leurs partenaires nigérians.

Les pêcheurs Nigérians déplorent eux aussi les tracasseries des autorités policières, administratives et traditionnelles

A Idabato, une autre île, aucune des maisons ne dispose de toilettes et il n'y a que trois endroits où les centaines d'habitants de la ville peuvent se rendre pour faire leurs besoins. Les toilettes ont des ouvertures donnant directement dans l'eau marécageuse du lagon et chaque habitant doit payer 10 nairas pour se soulager.

Malgré les mauvaises conditions de vie, la pêche rapporte incontestablement quelques revenus. Vêtements, légumes, oranges et eau minérale vendus dans les boutiques en bois situées derrière la plage sont tous emmenés en bateau depuis le Nigeria continental.

Les travaux de construction et d'équipement dans la presqu'île sont effectués par les soldats camerounais présents dans la presqu'île

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