Les producteurs de riz du casier de la « Grande digue Téllél », à cheval entre les communes de Rosso Béthio et Diama (département de Dagana), sont dans le désarroi. Avec les fortes pluies qui s'abattent ces temps-ci dans cette zone, beaucoup de périmètres agricoles ont été envahis par les eaux, en pleine récolte. Les producteurs réclament des moissonneuses batteuses à chenilles pour sauver la récolte.
DAGANA - Pour se rendre dans les périmètres rizicoles de « Grande digue », il faut emprunter une vaste piste en latérite caractérisée par des nids de poule. Ce trajet mène aux villages de Ronkh, Mboudome, Diawar, Kassack, entre autres. Situé entre les communes de Rosso et Diama, le casier de « Grande digue Téllel » qui s'étend sur plus de 2500 hectares est dédié à la riziculture. Tout le long du trajet, on aperçoit des champs de riz à perte de vue. Pour cette campagne de la contre-saison chaude, le comité de gestion a emblavé plus de 2000 hectares. Non loin d'un long canal d'irrigation, nous rencontrons Diame Bâ, président du Gie « Maguéy Ka ». Habillé en djellaba de couleur grise, foulard bien vissé sur la tête, la soixantaine révolue, il exploite 35 hectares pour le compte de son groupement.
Diame ne cache pas son inquiétude face à la situation des récoltes qui risquent d'être compromises à cause de la pluie. « On se retrouve actuellement dans une situation très délicate. Le riz est en maturation. Avec le ciel qui continue d'ouvrir ses vannes, tous nos périmètres sont sous les eaux, les moissonneuses batteuses à pneus ne parviennent pas à y accéder », a-t-il déploré.
Selon Diame Bâ, pour cette campagne, le groupement a investi plus de 14 millions de FCfa. Il tire la sonnette d'alarme. « Nous avons emprunté de l'argent auprès des banques pour pouvoir financer cette campagne agricole, si rien n'est fait, on risque de tout perdre », explique le président du Gie « Maguéy Ka ». Tout au long des périmètres agricoles, les bassins qui servent de drainage sont tous remplis. Il n'y a pas le moindre espace pour faire ressortir l'eau. Ce qui complique la récolte.
Moissonneuses batteuses à chenilles
Ngary Diop, un autre producteur, exploite un périmètre de 2 hectares. Ce père de famille nourrissait beaucoup d'espoir sur son champ de riz. « J'ai investi plus de 450.000 FCfa, mais vu la situation, je risque de perdre toute la récolte. La pluie a tout chamboulé, notre seul espoir est de trouver des moissonneuses batteuses à chenilles capables de sauver la récolte », dit-il. Dans cette cuvette, pratiquement tout le riz est en maturation.
À défaut de trouver une moissonneuse batteuse à chenilles, certains producteurs de riz se rabattent sur les ouvriers agricoles pour essayer de sauver leurs récoltes. À en croire Alioune Gaye, président du comité de gestion de la « Grande digue Téllel », la seule façon de sauver les récoltes est de mettre à la disposition des producteurs des moissonneuses batteuses à chenilles. D'après lui, plus de 50% des récoltes risquent d'être compromises à cause de la pluie. « Nous demandons à l'État, à travers la Saed (Société nationale d'aménagement et d'exploitation des terres du delta), de mettre à notre disposition des moissonneuses batteuses à chenilles pour faciliter les récoltes », a-t-il plaidé.
Pourtant, selon M. Gaye, des moissonneuses batteuses sont stationnées à la base de la Saed à Ross Béthio. En effet, dans le cadre du programme de modernisation de l'agriculture initié par l'État, le département de Dagana a bénéficié de 43 tracteurs et 22 moissonneuses. Mais M. Gaye déplore la lenteur du processus de distribution des machines. « Nous invitons les autorités à déployer ces machines sur le terrain pour décanter la situation », a-t-il insisté.
Les machines annoncées pour la semaine prochaine
« La procédure de distribution des équipements est déjà enclenchée. La commission de distribution a déjà terminé le travail et d'ici la semaine prochaine, les producteurs pourront recevoir les machines », assure Modou Fatma Mbow, chef du Service départemental du développement rural (Sddr) de Dagana. Toutefois le technicien invite plutôt les producteurs au respect du calendrier cultural afin de pouvoir récolter avant l'arrivée des pluies. « Dans ces zones, les pistes de production font quelquefois défaut. Donc, en période d'hivernage il sera difficile d'acheminer la récolte », souligne-t-il. En plus du déficit d'équipements adéquats pour la récolte, les producteurs sont confrontés à la menace des oiseaux granivores.