Afrique: Basketball / Succession de contre-performances et élimination au mondial et aux JO - L'instabilité des sélectionneurs, le facteur bloquant

Après l'échec des Lionnes dans leur tentative de décrocher un 12e trophée et la double élimination des Lions en Coupe du monde et aux prochains Jeux olympiques Paris 2024, le basket sénégalais vit un marasme sans précédent.

Le diagnostic déjà établi par les acteurs, à la veille même des dernières campagnes, a déjà décelé le mal du basket sénégalais : nombre d'acteurs de la discipline épinglent l'instabilité et la valse continue d'entraineurs à la tête des sélections nationales. Autant de maux auxquels il faudra vite remédier lors des deux prochaines années qui nous séparent des futures échéances internationales, notamment les Afro baskets masculine et féminine de 2025.

N'ayant pas glané un douzième trophée et éliminé en Coupe du Monde et aux Jeux olympiques, le basketball sénégalais a fini de manger son pain noir durant cette année 2023. Pour les Lionnes, il faudra encore attendre deux années pour répartir à la conquête du titre africain et décrocher un 12e trophée. De même pour les Lions toujours réduits à la quête de ce sixième sacre qui les fuit depuis l'édition 1997 disputée à Dakar. Soient 26 longues années de marasme pour un basket sénégalais qui, jadis, jouait les premiers rôles sur le continent. Une éternité pour les nombreux observateurs ! Quelle est la cause de ces échecs répétitifs ? Les analyses faites par les acteurs du basketball depuis la veille du dernier Afrobasket féminin ont fini de déceler les points qui plombent les différentes sélections nationales mais elles convergent toutes vers l'instabilité notée chez les hommes nommés à la tête des sélections nationales.

La valse des entraineurs

A la veille de l'Afrobasket masculin de Kigali en 2021, l'ancien sélectionneur des Lions et directeur technique national Moustapha Gaye n'a pas manqué de faire le diagnostic. Comme la plupart de ses pairs, il a imputé les échecs répétitifs à la valse de techniciens. Comme bon nombre d'observateurs, l'ancien DTN du basket est convaincu que l'instabilité marquée par les courts séjours à la tête des sélections constitue le facteur bloquant. De 1997 à 2023, l'équipe nationale masculine aura, en effet, changé 14 fois de sélectionneurs. Après Bassirou Badji, dernier vainqueur sur le banc des Lions (1995 à 1999), plusieurs coaches issus de différents horizons, de styles, de projets et de philosophie différents se sont succédé à la tête de l'équipe nationale.

On peut citer entre autres les passages de Moustapha Gaye de 1999 à 2001, Magatte Diop en 2003, Alain Weisz, Porfirio Fisac, Cheikh Sarr qui ont fait un rapide tour sur le banc des Lions sans pour autant permettre au Sénégal de retrouver le podium africain. L'exemple patent de cette instabilité sera le surprenant remplacement du coach Abdourahmane Ndiaye dit Adidas, à la veille de la Coupe du monde de 2019 en Chine et à la suite d'un brillant parcours durant les fenêtres de qualification (10 victoires obtenues sur 12 matches). C'est également le cas avec le limogeage avec fracas de Boniface Ndong suite à l'échec sur la route de la qualification du Mondial d'Alexandrie.

« Quand on dit instabilité au niveau des bancs de touche, ça implique instabilité au niveau des effectifs. Chaque sélection qui vient, arrive avec ses joueurs. Nous n'avons jamais gardé tous nos joueurs, tous nos bons joueurs. Nous n'avons jamais laissé de temps à un sélectionneur de travailler dans la durée. A mon humble avis, je pense que les échecs, il peut y en avoir, mais il faut laisser le temps à un sélectionneur de travailler dans la durée », analysait Moustapha Gaye. Si le phénomène est moins marqué dans une moindre mesure, les sélections féminines ne sont pas aussi épargnées par la valse d'entraîneurs. Hormis le court passage de Moussa Touré et de Cheikh Sarr, des allers et retours, notamment celle du sélectionneur Moustapha Gaye, ont aussi été notés sur le banc des Lionnes.

Cloner le football pour retrouver le sommet

Devant ce constat, nombre d'acteurs du basket considèrent que la discipline devrait aujourd'hui s'inspirer du football sénégalais qui, du point de vue de ses résultats, a réalisé de grosses performances. Outre la qualité de ses infrastructures, la régularité de ses compétitions ou le travail de détection, la stabilité des entraineurs au sein des différentes sélections a été une des clefs du succès du football sénégalais. A preuve, le cas Aliou Cissé qui, après huit années à la tête des Lions, a permis au Sénégal de remporter son premier trophée continental à la CAN 2022 au Cameroun.

A côté de la question de la stabilité, le manque de régularité dans les compétitions nationales et internationales a également été décrié par les acteurs du basket. En guise d'illustration, la non-participation du Sénégal, à l'opposé de beaucoup de nations africaines, à la 2e édition de l'AfroCan destinée aux équipes masculines et disputée à Luanda, en Angola, était sans doute malvenue. Si l'on sait que la nouvelle compétition africaine était une belle occasion pour les joueurs évoluant au plan local de se mesurer avec le haut niveau et de préparer la relève. En perspective des échéances de 2025, le Sénégal attend de connaitre le prochain sélectionneur qui conduira les Lionnes aux prochains Afro basket de 2025.

Deux ans pour la reconquête des titres africains

Le Sénégal qui court après son 6ème titre africain depuis 1997 va encore tenter de mettre fin à 28 longues années de disette lors de l'Afrobasket 2025. Sur cette lancée, la stabilité sera une des clés dans ce processus de la reconquête. Propulsé depuis un an à la tête des Lions, le sélectionneur Ngagne Desagana Diop a déjà inscrit son action dans la durée. « On ne peut pas rester deux ans sans rien faire. Il faudra des camps pour continuer le travail en direction de l'Afrobasket 2025», a-t-il suggéré. Pour l'heure, le Sénégal se projette vers les trois fenêtres de Fiba qualificatives pour le rendez-vous continental de 2025. La première fenêtre se tiendra du 19 au 27 février 2024. La 2e aura lieu du 18 au 26 novembre 2024. La 3e et dernière fenêtre est prévue du 17 au 25 février 2025.

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