Tunisie: A la rencontre de femmes pratiquant la oula, une tradition culinaire ancestrale

En Tunisie, la oula, tradition culinaire ancestrale qui consiste à faire artisanalement soi-même des réserves de féculents à base de blé, harissa et tomates en conserve, est encore pratiquée dans les régions rurales, au début et à la fin de l'été. Pour de nombreuses femmes, vendre certains produits issus de cette pratique est devenu un revenu, surtout pour certaines d'entre elles au foyer, touchées par la crise économique. Reportage.

Dans la cour d'une maison à Kelibia, ville côtière du nord-est tunisien, les paroles du chanteur Hedi Jouini se mélangent aux discussions sur les produits du terroir exposés. Une dizaine de femmes sont venues vendre le fruit de la oula, c'est-à-dire la préparation de produits qui vont constituer des réserves alimentaires pour une partie de l'année.

Rihem, 30 ans et mère au foyer, fait partie des vendeuses. « Alors, vous avez des tomates séchées, des épices, de la poudre de piment, de la harissa à la vapeur, mais aussi de la sauce tomate maison, énumère-t-elle. Tout est fait par mes propres soins. »

Chaque année, Rihem prépare ces condiments pour son foyer. Mais l'inflation en hausse dans le pays affecte sa production. « Cette année, j'ai eu beaucoup de difficultés à trouver des piments, explique-t-elle. Et une fois que j'en trouve, ils sont à un prix beaucoup plus élevé que les autres années. »

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« Beaucoup de gens se sont éloignés de cette tradition par manque de temps »

À côté d'elle, Sarra Ben Arbia, 26 ans et habitante de Menzel Temim - une bourgade située à une quinzaine de kilomètres -, vient d'une famille d'agriculteurs. Pour elle, la oula est à la fois une tradition familiale, mais aussi un business qu'elle veut développer. « La oula, tout le monde en connaît ses bienfaits, car au final, c'est un savoir-faire culinaire artisanal et bon pour la santé, assure-t-elle. Le problème, c'est que beaucoup de gens se sont éloignés de cette tradition par manque de temps. Donc c'est pour cela que je propose des produits de la oula avec une traçabilité, destinés aux familles qui n'ont plus forcément le temps de la faire ». Elle a lancé sa marque depuis deux ans et compte bien encourager d'autres femmes sur la même voie.

Je fais ma oula, parce que moi je n'achète pratiquement rien au cours de l'année, je fais de la harissa, des tomates à la vapeur, 100 kilos de tomates séchées pour moi et mes trois enfants, et parfois j'aide aussi, je donne en cadeau. Cela demande beaucoup de temps mais moi, comme je suis toute seule, comment je fais ? Je fais en petite quantité. Les tomates séchées, chaque jour, le matin une caisse, je les coupe en deux et je les mets au soleil, le soir une caisse, le lendemain... Jusqu'à ce que je fasse toute la quantité. Toujours, je publie ça sur Facebook pour encourager les gens à faire leur oula. Quand il y a eu le coronavirus, moi, je n'ai eu besoin de rien, j'avais tout à la maison. Donc, c'est important !

00:45 Rafiaa Limam Baouendi, ancienne diplomate à la retraite, qui a lancé à Kelibia une association caritative encourageant l'autonomisation économique des femmes rurales

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