La roue de la justice en République démocratique du Congo tourne en plein régime. Le rouleau compresseur de l'Etat n'épargne personne. Certains proches de Tshisekedi ont vécu à leurs dépens l'Etat de droit. A quelque quatre mois des élections, le président sortant et candidat à sa propre succession tient toujours la dragée haute à ses adversaires politiques.
Après les IXès jeux de la Francophonie qui ont hissé plus haut la cote de la RDC, l'inauguration de Hilton, cette chaîne hôtelière internationale, a couronné le tout. La preuve que le partenariat public-privé a le vent en poupe. Les investisseurs jugent désormais positivement le pays de Lumumba. Les oiseaux de mauvais augure, qui avaient prédit l'hécatombe, ont fini par déchanter.
Face à cette évidence que la RDC ne ressemble plus à l'image qu'elle présentait les années antérieures, ceux qui envisagent de compétir pour la magistrature suprême, doivent réfléchir deux fois. Ce, alors que la probabilité d'un dialogue s'éloigne au fur et à mesure qu'on s'approche du mois crucial de novembre. Nombreux ont préféré quitter les navires de Fayulu et du FCC proche de Joseph Kabila qui ont appelé au boycott de prochaines élections.
Sinon, comment comprendre qu'un candidat qui s'est investi, pendant cinq ans, à préparer son électorat pour le prochain quinquennat, puisse répondre à un mot d'ordre politique qui lui interdit de postuler? Article 64 (sic). C'est de cette façon que certains cadres de Lamuka de Martin Fayulu et du FCC proche de Joseph Kabila ont tourné le dos, la mort dans l'âme, à leurs leaders.
Les alliances qui se tissent autour de Tshisekedi renforcent ce dernier, surtout qu'il y a encore de la place pour tout le monde. A l'instar de Kamerhe, un véritable animal politique qui fait de la realpolitik. Il a compris que l'accord politique de novembre 2018 appartient désormais au passé. Leader de l'Union pour la Nation Congolaise a accepté de s'effacer au profit de Tshisekedi pour ce deuxième quinquennat. Ainsi, il aura préservé ses liens d'amitié.
Pour rappel, les deux leaders, Tshisekedi et Kamerhe, avaient retiré leurs signatures de l'accord de Genève qui avait désigné Martin Fayulu candidat commun de l'opposition. C'est à Nairobi, en présence de l'ancien président Uhuru Kenyatta, qu'un accord politique a été signé. Ils se sont convenus que Vital Kamerhe va soutenir Tshisekedi à la présidentielle de 2018. Cinq ans après, ils avaient promis d'inverser les rôles : Tshisekedi doit soutenir Kamerhe en 2023.
Mais hélas, beaucoup d'eau a coulé sous le pont lors de ce premier quinquennat. Les pavillons de Makala ont accueilli ceux qui ont eu à trôner au sommet du pouvoir pour en sortir comme un trognon d'un fruit qui n'a plus de jus.