Centrafrique: Validation du oui au référendum constitutionnel en RCA - Archange Touadéra triomphe sans gloire

Une file d'attente devant un bureau de vote de Bangui, le 27 décembre 2020.
opinion

La Cour constitutionnelle de la République centrafricaine, en validant, le 21 août 2023, le projet de nouvelle Constitution approuvé à 95% par « le peuple », ouvre grandement les portes d'un troisième mandat de sept ans à l'actuel président, Faustin Archange Touadéra. Mais pour en arriver là, que de stratagèmes mis en oeuvre par ce dernier !

Pour rappel, il lui a fallu user de manoeuvres pour écarter de son chemin, Danielle Darlan, la présidente de la Cour constitutionnelle qui ne partageait pas l'idée de ce référendum alors que le mandat de Touadéra à la tête de l'institution, n'était pas arrivé à son terme. Ensuite, l'opposition centrafricaine qui ne voyait pas la nécessité d'un tel référendum, était opposée à cette consultation électorale, soutenue qu'elle était par la société civile. Nonobstant toutes ces oppositions, Archange Touadéra y est allé quand même en actionnant ses leviers pour atteindre son objectif, bénéficiant du fort soutien de son homme-lige, le tout nouveau président de la Cour constitutionnelle qu'il avait nommé en remplacement de Danielle Darlan. En effet, le rappel de tous ces faits montre que Faustin Archange Touadéra tenait vaille que vaille à réaliser son projet. Il n'avait cure de la clameur qui montait ; l'essentiel pour lui étant de pouvoir briguer un troisième mandat. Cela dit, cette victoire obtenue en dépit des protestations d'une grande partie de la population, devrait l'interpeller.

Le projet de Touadéra continuera de diviser les Centrafricains

Car, il n'est pas exclu qu'après la validation et la proclamation de ces résultats, le pays bascule à nouveau dans un cycle de violences suite aux vives tensions qui sont perceptibles et que lui-même aura contribué à attiser par son obstination à rester aux affaires au-delà de ses deux mandats autorisés à la tête de l'Etat. L'opposition centrafricaine qui ne s'avoue pas vaincue suite à la validation de ce résultat référendaire, continue de donner de la voix pour dénoncer ce qu'elle considère comme la forfaiture du président Touadéra. Et puis, pour en revenir à la fameuse « écrasante » victoire du « oui » à 95%, on peut s'interroger sur la qualité et la sincérité de ce résultat. Un résultat fabriqué ?

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Ou bien un « oui » massif obtenu à la suite de la sortie exclusive des partisans de Touadéra ? Il y a sans soute les deux à la fois, même si certains ont pu voter par conviction. En tout état de cause, le projet de Touadéra continuera de diviser les Centrafricains. Cela dit, maintenant que Touadéra tient « sa chose », il doit désormais avoir à l'esprit qu'il est le président de tous les Centrafricains et à ce titre, qu'il aura besoin de réunir tous ses compatriotes. Même si son pouvoir et lui, sont protégés par les mercenaires de Wagner.

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