Si le récent "sevrage "(?) opéré par la France à travers l'arrêt de l'aide publique au développement (?) et des appuis budgétaires peut avoir quelque conséquence sur l'économie burkinabè, il nous offre l'agréable occasion d'aller encore plus loin dans notre quête de souveraineté véritable, en réinventant nos politiques économiques et sociales pour en faire les leviers de notre développement.
Nous ne pouvons en effet accepter de rester dans ce processus capitaliste d'embourgeoisement capitaliste qui laisse sur les bas-côtés de la route, la grande masse des populations, pendant qu'une élite gloutonne en rapport avec ces maîtres extérieurs, continue de siphonner les caisses de l'Etat. Un processus dont l'issue est toujours fatale pour la santé politique de nos États en ce qu'il nous condamne à d'éternels recommencements. Une politique économique plus austère et une plus grande implication des populations dans la construction de cet état fort et développeur s'avèrent nécessaires dans cette quête.
Au niveau de l'Etat, il faudra rompre avec les pratiques électoralistes de l'administration publique, qui déresponsabilisent les agents de la haute administration et leurs subalternes. Nous voulons parler là des tournées ministérielles souvent inutiles à l'intérieur du pays, dans la mesure où les représentants de l'administration centrale peuvent être commis à certaines tâches
. Que dire d'autre quand un ministre mobilise des moyens financiers et matériels importants pour juste aller inaugurer ou constater l'état d'avancement de la construction d'une infrastructure, alors que le gouverneur pouvait bien le faire. Pour une infrastructure de deux cents millions, dépenser une cinquantaine de millions pour une cérémonie d'inauguration, ça fait désordre. Il faudra donc une nouvelle manière de faire pour donner tout son sens à la déconcentration et à la décentralisation.
Toujours dans cette nouvelle politique d'austérité, il faut hâter la réduction du train de vie de l'état en "dégraissant " le parc automobile de l'état et en rationalisant plus encore sa gestion. Autre piste déjà empruntée, la digitalisation de l'administration publique qui va éliminer certaines "niches" de corruption et atténuer les lourdeurs administratives. Par ailleurs, la recherche de nouvelles niches fiscales (qui ne doivent pas entamer le pouvoir d'achat des couches moyennes et populaires) est à rechercher dans certains secteurs. Dans le même temps, il faut lutter contre la fraude fiscale et douanière source de déperdition importante pour le trésor public.
Dans ce sens, il faut saluer la révision de certains accords fiscaux intervenue récemment entre Paris et Ouagadougou. Il faut donc que nous soyons capables de dégager des perspectives endogènes pour notre pays et des solutions pour les problèmes qui se posent à lui. En définitive, il nous faut des dirigeants qui s'imposent à la fois par leur efficacité, leur goût du travail désintéressé pour le peuple et leur simplicité. C'est dire que le Burkina est à un tournant historique dans sa marche vers le progrès, et, une éventuelle sortie de route, le condamnera sans rémission. Être ou ne pas être, telle est la question.