Afrique Centrale: Incendies à Kinshasa - Inquiétant aveu d'impuissance

23 Août 2023

Marché de Matadi-Kibala (février 2022 et août 2023), Marché de la Liberté (plusieurs fois), Camp Lufungula (2008,2018 et 2023), marché du Rond-point Ngaba (août 2023), Université de Kinshasa (2021 et plusieurs autres fois), Immeuble Onatra (2022,2023 et plusieurs autres

fois), Secrétariat général à l'Economie Nationale (2022), Banque Centrale du Congo (plusieurs fois), Clinique Ngaliema (plusieurs fois), Ceni (dépôts en feu à Kinshasa comme en provinces plusieurs fois), CCTV (2007), constituent l'échantillon des cas d'incendies graves enregistrés à Kinshasa.

Tous ces sinistres ont pour dénominateur commun l'aveu d'impuissance des services pompiers, car mal et sous-équipés en engins (véhicules anti-incendies), en matériels de travail (combinaisons et bottes de protection), bouches anti-incendies, échelles métalliques, cordes...

mais aussi démotivés (plusieurs mois d'arriérés de salaires), etc.

Théoriquement, la ville de Kinshasa est dotée d'une brigade anti-incendie. Mais, dans la pratique, son personnel est totalement démuni face aux sinistrées. Non seulement cette brigade ne sait pas se projeter sur les lieux des sinistres en temps réel - faute de mobilité - mais pire, lorsque des pompiers s'y présentent, ils se retrouvent rapidement à court d'eau, pour cause de faible capacité de leurs camions-citernes et de l'absence des bouches d'incendies dans les

sites situés en dehors de la commune de Gombe.

Et même à Gombe, plusieurs bouches d'incendies sont « bouchées » ou déconnectées du réseau d'alimentation en eau de la Regideso. Plus d'une fois, des sinistrés ont assisté, la mort dans l'âme, à la réduction en cendres de leurs habitations, de leurs maisons commerciales et de leurs biens meubles, en présence des pompiers transformés eux aussi en spectateurs, après l'épuisement du contenu de leur camion-citerne.

Pas de politique anti-incendie

Comme le dispositif anti-incendie a foutu le camp, Kinoises et Kinois n'ont plus qu'une alternative en cas d'incendie : tenter de sauver ce qui peut l'être en recourant au sable ou aux seaux d'eau puis attendre que le feu s'éteigne de lui-même pour constater les dégâts. Les

officiels sont réduits au même exercice. Mais pour calmer les émotions des sinistrés et de l'opinion publique, chaque cas d'incendie est généralement suivi de l'annonce des mesures de prise en charge des morts, des blessés et des sans-abri, de la délocalisation des rescapés, de l'aménagement de nouvelles infrastructures répondant aux normes sécuritaires et urbanistiques, sans que celles-ci ne voient le jour (cas du projet de Marché moderne à Matadi-Kibala).

A l'époque coloniale et même sous les premières années post-indépendance, la brigade anti-incendie de la ville de Kinshasa, très visible au croisement des avenues de la Justice et ex-24 Novembre, à Gombe, était en mesure de se déporter sur des sites ou des immeubles en feu et vaincre les sinistres en un temps record. Les bouches anti-incendies se rencontraient dans pratiquement tous les croisements des rues et avenues.

Bien plus, les normes d'urbanisme exigeaient que chaque immeuble en hauteur soit doté d'une bouche d'incendie et d'un extincteur à même de parer au plus pressé, en attendant l'intervention de la Brigade anti-incendie. La même disposition réglementaire est encore en vigueur au niveau de l'administration de l'Urbanisme et Habitat mais son application constitue une autre paire de manches.

Des marchés dans les rues

Les marchés urbains de Kinshasa fonctionnent, dans leur écrasante majorité, dans les rues. Marchandes et marchands ont coutume d'exercer leurs activités sur des étals en bois, voire à même le sol. Quant aux dépôts des marchandises, il s'agit de baraques également en bois ou en

tôles usagées, susceptibles d'être ravagées par le feu au moindre court-circuit électrique ou craquement de tige d'allumettes ou encore d'oubli de bougie allumée ou de mégot de cigarette.

Rien, absolument rien ne garantit la sécurité des occupants des marchés urbains à Kinshasa et de leurs biens dans leur état actuel.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.