Dans le cadre de la lutte contre le cyber-harcèlement envers les femmes politiquement engagées, la section genre de la MONUSCO en collaboration avec le mouvement féministe Bisobasi Telema (Femmes, levons-nous) a organisé du 14 au 15 août à Kinshasa une formation sur la sécurité numérique comme moyen de lutte et de prévention. Cinquante femmes leaders issues des partis politiques, des organisations de la société civile et des organisations qui militent pour les droits humains ont y pris part.
Pendant deux jours, elles ont été outillées et ont appris des mécanismes de prévention comme la certification des comptes, comment bloquer et signaler des commentaires et publications incendiaires. Le cyber-harcèlement se définit comme un acte agressif, intentionnel perpétré au moyen d'internet pour porter atteinte à l'intimité et à la vie privée d'un tiers sur base de propos mensongers ou diffamatoires.
Elsie Lotendo, coordonnatrice du mouvement BISOBASI TELEMA, a affirmé que son expérience sur le terrain a révélé que plusieurs femmes publiques sont victimes de harcèlement sur les réseaux sociaux.
Une pratique qu'elle a vivement déplorée, confirmant que les réseaux sociaux sont utilisés aujourd'hui pour déstabiliser les femmes qui aspirent à la gestion de la chose publique. « Il se propage en ligne le cyber-harcèlement sexiste et des discours haineux contre des femmes qui aspirent à la vie politique. Surtout en cette période électorale, elles font l'objet de médisance, de calomnie et de conflits tribaux sur base de publications qui expriment leurs opinions », a regretté Mme Lotendo. Et de conclure : « Il est temps de lutter contre ces pratiques ignobles ».
Conséquences
Le cyber-harcèlement a ainsi de lourdes conséquences sur la vie des femmes politiques. Les participantes ont exprimé leur désarroi face à cette mauvaise pratique et sont convaincues qu'elle est faite intentionnellement dans le but de saper leur image.
Francine Nzumba Nzinga a décidé de se porter candidate aux prochaines élections, notamment à la députation. Elle a souligné que « le cyber-harcèlement se fait contre nous pour nous discréditer. C'est l'une des causes qui empêchent les femmes de participer à la vie politique du pays ».
Les participantes à cette rencontre étaient unanimes sur un point : en période électorale, les femmes sont victimes d'injures et d'intimidations de la part de leurs adversaires politiques, souvent cachés derrière de faux profils sur les réseaux.
« Ces manœuvres sont faites pour empêcher les femmes de se lancer et se positionner dans l'espace politique congolais, parce que considéré comme l'apanage des hommes », a insisté Mme Makekita. Elle est convaincue que le harcèlement des femmes sur les plateformes numériques renforce le climat d'insécurité et d'inconfort au sein de la société congolaise.
C'est pour les aider à faire face à cette situation qui impacte leur participation politique que la MONUSCO a appuyé cette formation. La Mission les a outillées à la sécurité numérique comme moyen prévention et de lutte contre les discours de haine distillés à travers les réseaux sociaux. Formées, elles sont désormais capables de sécuriser leurs comptes et d'imposer, par le même canal, un climat de paix.
Le leadership du mouvement BISOBASI TELEMA a encouragé les femmes à dénoncer les discours de haine, le harcèlement et la stigmatisation sexiste dont elles sont victimes.
Notons que la RDC a promulgué le 13 mars 2023 une loi portant sur le Code du numérique. Cette loi entend prévenir et poursuivre les délits en ligne, mais aussi protéger les données personnelles. En d'autres termes, elle permet de poursuivre les responsables de harcèlement, d'infox et de discours de haine distillés sur les réseaux sociaux.