Ile Maurice: Funérailles de sir Kailash Ramdanee - L'itinéraire d'un enfant de Brisée-Verdière

Le beau-père du Premier ministre et père de Kobita Jugnauth est décédé dans la soirée de lundi, à l'âge de 96 ans. Retour sur le parcours de l'un des derniers «Sir» du pays, dont les funérailles se sont déroulées hier.

Né d'un père Ramdanee et d'une mère Teelock dans le village de Brisée-Verdière, il se prénommait officiellement Mookteshwar Baboolall. Mais il choisit un prénom plus simple et plus «moderne» et c'est ainsi qu'il devint Sir Kailash Ramdanee bien des années après. Pour les chevaliers de Sa Majesté britannique, le prénom constitue un élément pivotal. C'était comme si le jeune homme savait qu'il deviendrait chevalier, d'où le choix du prénom Kailash.

Avant même de devenir Sir en 1990, l'homme né à Brisée-Verdière s'était déjà établi comme un pharmacien de premier plan mais aussi l'un des pionniers de l'industrialisation de Maurice et de la diversification de l'économie massivement dominée par l'oligarchie sucrière. Trois des oncles maternels de Kailash Ramdanee étaient médecins, un autre était pharmacien.

Une situation familiale qui devait le pousser à étudier la pharmacie tout en travaillant dans les établissements des Teelock. L'oncle Sir Leckraj Teelock devint le premier haut-commissaire de Maurice à Londres de même que l'oncle Boodhun Teelock. L'oncle Gowtam Teelock fut membre du Parlement.

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Malgré des oncles si bien connectés, Kailash Ramdanee voulait voler de ses propres ailes. C'est ainsi qu'il finit par maîtriser la profession et la gestion des pharmacies. Il devait éventuellement, indépendamment des Teelock, ouvrir ses propres pharmacies dans le pays. L'initiative la plus remarquable du jeune Ramdanee aura été la construction de la première usine de fabrication de médicaments à Maurice en 1971.

C'était à Bell-Village. Quand on pense qu'en 2023 Maurice importe de la pomme de terre de l'Allemagne, se lancer dans la fabrication de médicaments dans l'île au début des années 1970 constitue un véritable exploit. Dans le passé, Maurice importait ses médicaments principalement de la France et de la Suisse. Sans l'usine de Kailash Ramdanee, qui approvisionnait les hôpitaux et les dispensaires du pays, il aurait été impossible pour le gouvernement de maintenir le service médical gratuit. Les pharmacies privées du pays pouvaient pour leur part vendre des médicaments à des prix abordables grâce à l'usine de Bell-Village.

Evidemment, quand l'Inde devint un pays de production en masse et à des coûts très bas de médicaments de différentes catégories, l'usine de Kailash Ramdanee se retrouva dans l'incapacité de faire face à une telle concurrence.

Kailash Ramdanee et son épouse, Ursule, née Maunick ont été aussi étroitement associés à la presse. Pendant plusieurs années, alors que le rédacteur en chef du journal travailliste «Advance» était en études en France, Ursule Ramdanee assura la suppléance à la tête du quotidien, qui resta le best-seller de la presse pendant plusieurs décennies avant d'être détrôné par d'autres. Kailash Ramdanee, qui était très proche de Sir Seewoosagur Ramgoolam, utilisa les équipements et la presse d'«Advance» pour lancer un hebdomadaire du dimanche, l'«Observer». Ursule Ramdanee assura aussi la rédaction de cet hebdomadaire pour la confier par la suite à son frère Jacques Maunick.

Kailash Ramdanee diversifia encore ses activités en ouvrant une agence de voyages connue comme Stella Travel à la rue Bourbon. Par la suite, il s'engagea aussi dans la restauration de luxe en ouvrant la Bonne Marmite à la rue Sir William Newton et offrant différents types de cuisine avec un pub attenant.

Dans la dernière partie de sa vie et devenu Sir Kailash à plein régime, l'homme d'affaires se lança dans l'hôtellerie haut de gamme, s'associant au départ avec le grand groupe indien Taj pour se focaliser par la suite sur les établissements Sands et Maradiva.

Dans le service public, en sus d'être l'un des Rotariens les plus en vue du pays, Sir Kailash devenu chevalier en 1990, avait occupé les fonctions de chairman de l'Agricultural Marketing Board et par la suite Mauritius Telecom formée après la fusion de l'entité ayant succédé à Cable & Wireless et le département du téléphone du gouvernement. À partir de la présidence de Sir Kailash et avec des gestionnaires comme Megh Pillay, Mauritius Telecom prit un envol pour devenir l'une des compagnies les plus florissantes du pays.

Détestant la médiocrité et très futé sur les relations humaines, Sir Kailash ne reculait devant aucun défi. L'enfant qui commença sa carrière en lavant des fioles dans la pharmacie de son oncle devait par la suite se laisser guider par le mantra «the sky is the limit» car rien ne devait lui échapper.

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